L'histoire :
Nous sommes entre Noël et le nouvel an, par une froide journée enneigée. Les commerçants retirent leurs décorations des vitrines et la période des soldes succède à la féerie. En rentrant chez lui après sa journée de travail, Georges aide son voisin du dessous, un homme à la barbe blanche, maigre, vieux et... ivre, à monter les escaliers. L’alcool triste, ce dernier se met à lui avouer la terrible épreuve qui le hante depuis la seconde guerre mondiale. Comment il s’était engagé dans la résistance, à faire du marché noir, à livrer des correspondances prohibées. Puis comment il a dénoncé ses camarades sous la torture, et comment il a les a tous vu fusillés par la Gestapo. Tiraillé par les remords depuis ce jour, il avoue alors un secret incroyable : il a racheté sa faute en acceptant de prendre la succession du… Père Noël. Monsieur Claus affirme être le vrai Père Noël, vieux de 70 ans, à l’âge de transmettre une succession… sans avoir trouvé de successeur. Georges le prend pour un fou et parvient à s’éclipser. Mais dans les jours qui suivent, Georges est en proie à des cauchemars. Lui aussi culpabilise d’une terrible faute à se faire pardonner…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce conte de Noël pour adultes (qui paraît très judicieusement début décembre) se démarque du lot par sa noirceur. Dès le début, le scénario de Philippe Bonifay ne fait pas de mystère et on sent venir le coup : Georges va se sentir obligé de prendre la succession du vrai Père Noël, pour faire sa repentance à lui (et il en a besoin !). Le scénariste ancre même habilement le « dogme » qui entoure le personnage mythique, dans les réalités contemporaines. Monsieur Santa Claus avoue ainsi que les lutins sont des CDD engagés pour le folklore, le chalet en Laponie est loué chaque année pour les journalistes, les rennes appartiennent à un éleveur local qui fait sa pub… Et malgré cela, l’air de rien, on baigne tout de même en plein conte de Noël. Car Béatrice Tillier livre un dessin de toute beauté, composé de belles images aux couleurs chaudes et de paysages enneigés enchanteurs. La mixité de ce graphisme chaleureux sur un récit sombre allège amplement la tragédie qui se joue. Enfin, l’issu du récit réserve une pirouette narrative ingénieuse qui accorde à ce conte une note extrêmement sérieuse et réaliste. Joli coup !