L'histoire :
En 1875, à Londres, sous une pluie battante, Valeria vient de se marier avec l’homme de sa vie, le riche gentleman Eustace Woodville. Mais cette union est si mal accueillie par les deux familles, que ce jour-là, seuls les témoins sont présents. De l’avis de la famille de Valeria, une mystérieuse zone d’ombre entache la réputation de Woodville. De son côté, la famille Woodville boude cette union qu’elle n’a pas approuvée. Les jeunes époux s’aiment pourtant, indéniablement. Durant le voyage de noces sur la côte sud britannique, Valeria est amenée fortuitement à croiser sa belle-mère, une dame par ailleurs fort aimable, sans avoir à se présenter. Mais lorsque celle-ci aperçoit son fils et comprend que la jeune femme qui est devant elle est sa bru, le ton se fait plus sec. Par la suite, Valeria tente de comprendre les raisons de cette distance en questionnant son mari. Mais celui-ci se fait très sibyllin : moins elle en saura et plus elle sera heureuse. Dès lors Valeria n’a de cesse que de percer le secret qui entoure son époux. Elle va questionner sa belle-mère, mais n’en n’obtient rien. Puis ce sera le tour du major Fitz-David, un intime d’Eustace, qui parvient intelligemment à mettre Valeria sur une piste sérieuse, sans trahir son ami…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Encouragé par le succès mérité de la série Fog, polar envoutant qui se déroule dans le Londres du XIXe, le scénariste Roger Seiter rempile ici avec l’ère victorienne. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette nouvelle série porte bien son nom. Dans le genre mystères, on est servis ! Tout d’abord, l’héroïne tente de percer les cachoteries de son époux. De quel terrible secret veut t-il donc la préserver au-delà de son intégrité et de l’amour qu’il lui porte ? L’enquête de la jeune femme se déroule sur un rythme lent, qui fait mariner le lecteur. En ce sens, la fouille méthodique du bureau de Fitz-David atteint un sommet dans l’art de jouer avec les nerfs : il y a dans cette pièce un élément probant, il ne tient qu’à elle de ne pas le laisser échapper. Patiemment, délicatement, elle nous trouve les indices et la lumière se fait sur… le début d’un nouveau mystère ! Le dessin de Vincent Wagner est certes un peu austère, et sa colorisation bien fade, mais ce style graphique maîtrisé et soigné colle à la perfection à l’ambiance « Sherlockholmesque » so british. De son côté, Seiter a apporté un soin tout particulier aux dialogues et la narration en voix off de cette jeune femme engoncée dans sa condition de bonne famille. Mais son mérite est partagé : le scénariste adapte ici en effet le roman Seule contre la loi, de Wilkie Collins. Un hommage est d’ailleurs rendu à ce contemporain de Dickens, à travers un personnage secondaire qui porte son nom…