L'histoire :
Profitant d’un voyage scolaire à Londres, Andreas, Eric et Thierry s’arrangent pour s’éclipser quelques heures en totale liberté, à l’insu de leur groupe. Un sticker alléchant dans le métro les met sur la voie d’un magasin de jeux vidéo un peu paumé. Chacun y trouve son bonheur et pour pas trop cher. Le vieux vendeur est sympa, jusqu’à ce qu’il remarque un insigne en fer portant des symboles nazis sur la veste d’Andreas. Des souvenirs cauchemardesques remontent violemment en lui… Ce commerçant a semble-t-il été déporté dans un camp dans son enfance. Aussi atterré qu’inquiet, il offre alors aux jeunes un jeu d’un « type nouveau ». Les trois copains rejoignent ensuite leur groupe et la France, juste étonnés de cette étrange rencontre. Dans les jours qui suivent, ils retrouvent chacun leur train-train et s’adonnent séparément à leurs jeux… Puis un soir, ils testent ensemble le cadeau du vendeur anglais. Ils sont alors bluffés par le réalisme des séquences cinématiques. Le jeu, un FPS particulièrement immersif et d’un niveau de paramétrage inouï, propose de participer à de grandes campagnes de guerre de l’Histoire. Thierry et Andreas sont immédiatement séduits et s’y plongent plus sérieusement la nuit suivante, chacun de leur côté. Andreas choisi un mode corps à corps au Vietnam, tandis que Thierry se la joue général en chef français qui supervise la guerre de tranchées à Verdun…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’origine, No Pasaran est un roman jeunesse de Christian Lehmann publié en 1996, présenté comme un « succès de librairie ». L’écrivain adapte ici sa propre œuvre en BD (coéditée par Casterman et l’Ecole des loisirs). Cette histoire aux frontières du fantastique prend la forme d’un thriller accrocheur : des jeunes gens se retrouvent « absorbés », au sens littéral du terme, par un jeu vidéo. La thématique du jeu particulièrement immersif – « le jeu le plus prestigieux de l’univers » – n’est pas tout à fait originale, mais elle est ici fort bien traitée. En outre, le dessinateur Antoine Carrion évolue en territoire connu, étant donné qu’il a lui-même longtemps travaillé dans l’industrie du jeu vidéo. Plus connu sous le pseudo de « Tentacle Eye », ce dernier a déjà livré deux one-shots KSTR aux côtés d’Antoine Ozanam (L’amourir et Le chant des sabres). Son style graphique se place dans la lignée de Thomas Gilbert, Renart ou Mickaël Sanlaville : il privilégie le dynamisme et les cadrages décalés à la rigueur d’un trait « propre », au profit de l’effet de mise en scène séquentiel maximal. Une telle narration cinématographique et un tel style de dessin, tous deux d’une belle modernité, participent énormément à l’immersion du lecteur dans l’histoire. La tension et les enjeux montent ainsi crescendo tout au long de ce premier tome de 62 planches, en grand format. Ce jeu recourt-il à une mécanique fantastique ? Peut-il aller jusqu’à s’emparer totalement de l’âme de ses jeunes « victimes » ? Il vous faudra patienter jusqu’au tome 2 pour le découvrir. En attendant, cette mise en bouche est très réussie.