L'histoire :
Polina Oulinov, jeune danseuse étoile en devenir, se présente à une audition pour être admise dans une académie de danse. Dans le jury, le professeur Bojinski, réputé pour ses méthodes dures et exigeantes. De nombreuses filles ont d’ailleurs abandonné la danse classique. En cause : des répétitions trop difficiles et des sacrifices nombreux. Pour Bojinski, « la souplesse et la grâce ne s’apprennent pas » et Polina ne semble pas en avoir. Alors qu’elle n’y croyait plus vraiment et avant même la parution des résultats, Polina apprend qu’elle vient de réussir l’examen. La voilà admise. Quelque temps plus tard a lieu le ballet de fin d’année à l’académie. Malheureusement, Polina ne figure sur aucune liste, elle n’a pas été sélectionnée pour y participer. En fait, elle apprend qu’elle va peut-être répéter à part et en solo avec le professeur Bojinski, celui-ci l'ayant repérée. Mais finalement, c’est Alinovitch qui va s’occuper d’elle, car Bojinski enseigne déjà dans un autre cours. Une chose est sûre : après avoir rencontré Bojinski, Polina n’est pas pressée de suivre son enseignement, tant ses méthodes paraissent dures. D'ailleurs, nombreuses sont les danseuses à avoir pleuré après ses séances de travail...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Rappelez-vous, Bastien Vivès est l’auteur qui s’était révélé à Angoulême avec Le goût du chlore, histoire sentimentale et presque muette de deux ados dans une piscine. Depuis, l’auteur a été très productif. Délaissant un moment le récit historique (Pour l’Empire, série en cours), l'auteur revient ici à ses premières amours, le récit intimiste, suggestif et introspectif. Pour actrice principale : Polina, une jeune danseuse promise à un grand avenir. Seulement, elle, n’en a pas vraiment conscience. Vivès, avec grâce, finesse et élégance, décrit un monde dur, cruel, où le naturel et la légèreté d’une danse ne peuvent naître que de l’effort, de la rigueur et de l’acharnement au travail. Graphiquement, il saisit avec une parfaite justesse les ambiances et les exigences de cet art (même si le duo Ruppert/Mulot l’avait déjà fait bien avant). Deux bémols plus ou moins gênants viennent toutefois modérer notre enthousiasme : à chaque BD, Vivès dessine la même femme, avec les mêmes traits, le même minois, et ça en devient lassant. Plus dérangeant, la beauté et la délicatesse du dessin viennent en fait masquer l’absence d’un véritable propos : la relation ambiguë maître-élève, la douleur du travail de création, la transmission font ici thèmes rebattus… Factuel et sans véritable émotion, Polina propose une succession de scènes attendues où le dessin est rarement au service d’un discours surprenant ou singulier. Si bien qu’au final, on est à peine touché par l’histoire de cette danseuse. Bref, une BD graphiquement très réussie, mais qui peine à convaincre sur le fond, la grâce ne suffisant pas, la machine narrative tournant aussi à vide. Simple exercice de style ou figure technique, Polina propose au final une virtuosité un peu creuse. Dommage...