L'histoire :
Ce n’est pas l’appréhension qui soulève le cœur du Marshal Daniels, mais un simple mal de mer qui surgit aux abords de Shutter Island. Le policier et son collègue Chuck Aule rejoignent, en effet, l’îlot pour faire la lumière sur la disparition d’une patiente schizophrène. A terre, les hommes découvrent le centre psychiatrique de haute sécurité chargé des soins de criminels déments excessivement violents. Après leur avoir confisqué leur arme de service, Mac Pherson, le directeur adjoint, les conduit dans l’enceinte de l’établissement et leur présente le Dr Cawley. Ce dernier évoque brièvement les faits : la veille entre 22h00 et minuit, Rachel Solando, condamnée pour avoir noyé ses 3 enfants, s’est faite la belle. Porte de chambre verrouillée de l’extérieur, infirmier de faction dans le couloir, personnel surveillant important, fouille minutieuse de l’île… Tout laisse envisager une complicité. L’examen rapide de la cellule confirme l’hypothèse et livre une surprise : un code énigmatique griffonné par l’aliénée sur un feuillet et intitulé « La Loi des 4 »… Daniels et Aule sont vite convaincus que rien ne tourne rond sur ce bout de terre. L’antipathique praticien Naehring, fervent des méthodes psychiatriques radicales ; le refus des médecins de coopérer ; le mystérieux bâtiment C ; les malades eux-mêmes qui conseillent aux fédéraux de quitter l’île… Le patient 67 et les démons du passé qui le hantent, plongeront Teddy Daniels au cœur d’un tourbillon qui lui livrera la plus bouleversante des révélations…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A la lecture du thriller de Dennis Lehane, Christian De Metter (vraisemblablement après s’être tapé la tête contre l’objet contendant le plus proche) s’est écrié : « Oh, le salaud, il a écrit l’intrigue que je cherchais ! ». Pas rancunier pour les 2 ou 3 bosses récoltées pour l’occasion, il pense immédiatement à l’ouvrage lorsque Casterman lui propose d’adapter le roman de son choix pour le lancement de la nouvelle collection Rivages/Casterman/Noir. Et on le comprend ! L’intrigue nouée par l’auteur, entre autres, du célébrissime Mystic River, est effectivement un pur bijou. Il parvient à entrainer le lecteur où bon lui semble, au risque de lui faire suivre des fausses pistes qu’il abandonne bientôt au gré d’un nouveau rebondissement. Dennis Lehanne construit un récit haletant, qu’une conclusion éblouissante ponctue brillamment. Christian De Metter réussit quant à lui un modèle parfait d’adaptation : impeccablement fidèle à l’œuvre et constituant une BD à part entière. L’atmosphère pesante du huis clos est particulièrement bien transcrite, grâce notamment au travail à l’aquarelle sur deux teintes, laissant jouer l’eau et les couleurs avec bonheur sur le papier. Enfin, il réussit un découpage judicieux, gardant pour son adaptation tout le sel qui avait fait du roman noir un succès. Il semblerait que ce Shutter Island ne se contente pas de ces 2 simples médias, puisque Martin Scorsese devrait à son tour l’adapter au cinéma (il s’est sûrement tapé sur la tête lui aussi !). Rendez-vous pris en 2009 pour voir Leonardo DiCaprio et Ben Kingsley se perdre dans les mystères de l’île…