L'histoire :
Josh, Gordon et Cody vivent à Tumalo, Oregon. Une petite ville américaine presque ordinaire qui, pour se distinguer, s’est vue récemment dépouiller de la plupart de ses hommes, réservistes de l’armée américaine. Le conflit irakien a en effet besoin que ses Marines rempilent quelques temps. Josh et ses copains ont donc vu leurs pères quitter la ville. Depuis, à la sortie des cours, ils se retrouvent pour échanger des coups de poings : une manière de s’endurcir, une manière de ressembler à leurs papas. Le principal étant évidemment de tout faire pour leur plaire, de les rendre fiers, même s’ils les ont quittés. Josh vit avec son grand-père. Il guette les rares mails de son père et pour lui plaire, il travaille dur pour intégrer l’Université. Cody, quant à lui, se fait un devoir d’éduquer son petit-frère en véritable petit soldat. Il regrette juste que sa mère les abandonne si souvent pour aller remplacer son mari à l’usine. Gordon, enfin, prend directement les consignes d’Irak, via les appels réguliers du réserviste qui se charge de lui lister les corvées. Et puis, il y a Lightener, un militaire revenu de Falluja qui les gave de ses exploits, la chasse au chevreuil, les sorties alcoolisées, les filles qu’ils aimeraient baiser. Mais surtout y’a ce gros con de Seth Johnson qui s’est soulagé sur leur moto. Son tour viendra…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avant le film : la BD ! En signant l’adaptation scénaristique d’une nouvelle de Benjamin Percy, James Ponsoldt nous offre les prémices de son prochain forfait pour le cinéma. Sous les projecteurs, le premier récit tiré du recueil éponyme de ce jeune auteur américain à la mode et multi-primé outre Atlantique. En scène : une ville de l’Oregon presque ordinaire ; une guerre en Irak qui éloigne des pères réservistes de leur foyer ; des ados qui grandissent trop vite ; la violence larvée ; la peur du pire à venir ; l’espoir du vivre mieux. Ce sont trois fils, trois potes, trois ados en quête d’eux-mêmes qui se chargent de porter le poids du drame. Finalement, peut-être celui d’une Amérique meurtrie, hésitante. Une nation flottant entre patriotisme aveugle et haine farouche, lorsqu’il s’agit d’en payer le tribut. En somme, un pays en mal de repères, tout comme Gordon, Josh et Cody. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on s’y attache rapidement, à ces trois gamins. Qu’on sent inexorablement le drame les absorber. Qu’on espère avec eux qu’ils ne deviendront pas à leur tour des dommages collatéraux anonymes du conflit irakien. Construit autour de silences anxiogènes et nourri par le contraste permanent entre enfance et monde adulte, ce récit est doublement judicieux. D’abord, il aborde avec intelligence la guerre d’Irak, autrement (le filtre des enfants de soldats). Ensuite, il décrit parfaitement les enjeux multiples qui s’entrechoquent au creux de chacun, au moment où l’on sait qu’il faut devenir adulte. Le drame ici présent agit alors comme démultiplicateur de ce qui est ressenti. Les choix opérés par James Ponsoldt et Danica Novgorodoff renforcent d’ailleurs ces intentions : entre intimisme, violence et réflexion.