L'histoire :
Pour satisfaire au rite en place, une nouvelle fois, une valkyrie est contrainte d’abandonner son bébé – un garçon ! – aux eaux du fleuve. Toutes les combattantes sont réunies autour de la jeune maman, qui s’exécute sans ciller, espérant que son prochain soit bien une fille. Celle-ci pourrait ainsi, à terme, rejoindre les rangs de ces guerrières qui s’opposent au protectorat des hommes. Nous sommes en 2081, cinquante ans après le premier conflit nucléaire mondial et l’effondrement de la civilisation industrielle. Une scission totale s’est produite entre les hommes et les femmes, rendues responsables de l’apocalypse. Une dictature masculiniste globale appelée « le protectorat » s’oppose désormais aux valkyries, qui se sont jurées de combattre cet absolutisme jusqu’à la mort. Elles survivent au sein de communautés fermées et autarciques, organisant les récoltes et… les raids meurtriers sur les villages masculins. Dans ce contexte, la guerrière Kahina habite avec son amie Ishta, bientôt arrivée au terme de ses 9 mois de grossesse, et sa petite sœur Tala, qui cherche à entrer en contact radio avec des « cités libres ». Ishta refuse de sacrifier son bébé si c’est un garçon. Elle aimerait accoucher en dehors du thing dirigé par la tyrannique Sigrid. Or en ces rudes temps, les récoltes sont mauvaises et des avis divergent quant aux mesures de survie à appliquer pour éviter un rationnement trop strict…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette nouvelle série publiée à un petit format comics, mais à couverture cartonnée et réalisée dans un mode plutôt franco-belge, a initialement été pensée pour être une série TV. Les scénaristes Sylvain Runberg et Anna Saveg ont imaginé un monde post-apocalyptique qui aurait cédé à la guerre des sexes ultime. La séparation est ici extrémiste entre la communauté des hommes et celle des femmes, en conflit total. D’un côté, les hommes regroupés en un « Protectorat » soumettent de la manière la plus brutale qui soit les femmes, asservies et reléguées quasiment au rang d’animaux. Regroupées dans une autre communauté, comme à l’ère des vikings, les femmes sont des valkyries, des guerrières combattantes, qui œuvrent sous les décisions du « thing », alias le conseil des sages. En cette ère de survivalisme précaire située en 2081, lesdites valkyries ont tout de même un look travaillé de punkettes, avec dreadlocks et maquillage prononcé, à travers le joli dessin semi-réaliste encré de la dessinatrice espagnole Belen Ortega. Pour accroître le romantisme post-apo du décorum, elles vivent retranchées dans un parc d’attraction désaffecté ceint de hautes murailles en béton. La guerre fait rage, et comme dans toute guerre, il y a des opérations commando, des trahisons, des rivalités intestines, des prises d’initiative malheureuses, d’innocentes victimes… Dans le fond, cette histoire prévue en trois tomes, rythmée et explosive à souhait, interroge évidemment la question de l’équilibre et du respect entre les genres. C’est globalement très caricatural, mais c’est pleinement assumé, voulu comme tel.