L'histoire :
Maurice, le chien orange au faciès d'alcoolique dépressif, débite moult maximes, réflexions et brèves de comptoir en compagnie de Patapon, le chat jaune circonspect et réservé. Extraits :
« Avoir les yeux plus gros que le ventre c'est couillon... mais ce qui est vraiment handicapant, c'est d'avoir la merde plus grosse que le cul. »
« – La colère, la rage, l'indignation favorisent le cancer. – C'est vrai ? – Nan, mais le faire croire aux gens évite les révolutions. »
« Si on convertissait l'énergie qu 'on dépense à la plage pour rentrer son ventre, on pourrait alimenter en électricité une ville comme Las Vegas pendant 10 ans! »
« Dire que les tueurs d'enfants ont, eux aussi, été des enfants. Les salauds. Les tueurs d'enfants, il faudrait les tuer au berceau. »
« – D'où tu viens ? – D'une boîte échangiste. – Qu'est-ce que tu as échangé ? – Une jeune belle blonde contre une vieille chtouille... »
« J'ai arrêté de me mettre de la crème solaire sur la bite. – Pourquoi ? – Parce que quand je l'étale, je bande... et du coup, pour recouvrir toute la surface, j'en consomme des litres ! »
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Auteur complet de Maurice et Patapon, Charb est aussi le rédac-chef de Charlie Hebdo, journal satyrique et libre dans lequel sont publiés chaque semaines les strips de ses deux héros bêtes et méchants. Logique donc que ce cinquième recueil de strips socratiques et « scrotummiques » verse volontiers dans le politiquement incorrect : c'est même précisément sa raison d'être. Le ton se trouve vaguement à mi-chemin entre le Chat de Geluck et les Sales blagues de Philippe Vuillemin. C'est à dire que le chien teigneux, croisement improbable entre un pitbull et un Simpson, débite ses réflexions tour à tour sociales, philosophiques, scatologiques, débiles, mais toujours hautement intellectuelles, à l'intention du chat, qui lui sert de placide faire-valoir. La plupart du temps, les deux personnages zoomorphes prennent des postures lambda dans des cases dépourvues de décors. Le style graphique de Charb est minimaliste, mais largement efficace et parfaitement dans le ton. Toutes les vannes n'ont certes pas le même potentiel zygomatique. Il faut bien des creux pour contraster avec les pépites... sans compter que le sens de l'humour est à géométrie variable chez le public récepteur. Mais par moment, ce génial couillon de Charb nous régale franchement de ses chutes cinglantes, outrancières et bien senties...