L'histoire :
Raconter Jackson Pollock, c'est suivre la tragique destinée d'un artiste hors norme à l'histoire chaotique. Mais il existe encore de nombreuses zones d'ombres dans son parcours... Ainsi, dès 1948, en pleine Guerre Froide, la CIA a voulu lutter contre l'attrait exercé par le bloc soviétique sur les artistes et les intellectuels occidentaux via l'opération « Grande Laisse ». À ce titre, Jackson Pollock a été choisi, à son insu, comme la figure idéale pour incarner cette stratégie. Celle d'un homme farouche et incontrôlable, propre à favoriser l'éclosion d'une nouvelle culture « made in USA ». En effet, l'artiste est vu comme un véritable cow-boy (il est né dans la même ville que Buffalo Bill) et son nom ne porte aucune trace de l'immigration récente d'autres continents, contrairement à ses collèges expressionnistes. Avec des œuvres énormes et conceptuelles faisant référence à une vision nourrie par les espaces de l'Ouest américain, la peinture de Pollock intéresse beaucoup la CIA...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Que n'a-t-on pas dit ou déjà dévoilé de la vie de Pollock ? Peintre original parmi les plus doués de sa génération, il n'en reste pas moins auréolé de mystères, tant l'homme était secret. Afin de mettre quelques zones d'ombre en lumière, le scénariste / dessinateur Onofrio Cartacchio s'attaque au mythe sous l'angle de la Guerre Froide via l'opération secrète « Grande Laisse » qui a permis à la CIA de se servir de l’art moderne et notamment de l’expressionnisme abstrait de Pollock pour contrer la culture artistique du bloc de l'Est. Pour ce faire, l'auteur a pris le parti de raconter l'histoire de Pollock dès 1948 par Dan Adkins, un agent – fictif – de la CIA chargé de suivre le peintre à la trace. Ainsi, on suit chaotique la vie de l'artiste dans ses hauts et ses bas et on rentre avec lui dans son processus créatif, mû par sa sensibilité à fleur de peau... et l'alcool. Richement documentée (Cartacchio fait la liste des documents utilisés pour mettre sur pied Pollock Confidential à la fin du bouquin) et habilement amenée, cette histoire vraie mais romancée reste très intéressante. Du côté des dessins, l'artiste a pris le parti d'un rendu graphique peu dynamique (presque immobile) quand il s'attache à Pollock ; puis plus nerveux quand il s'agit d'appréhender les œuvre de l'artiste. Malgré ce côté un peu bancal dans la lecture, force est de constater que le récit est bien ficelé ! En fin de compte, même si Pollock Confidential s'avère être une bande-dessinée assez statique qui ne dévoile rien sur l'homme qu'était véritablement Pollock. L'auteur a néanmoins réussi à mettre en lumière certains aspects du peintre sous le prisme de vision de la CIA dans le cadre de sa politique de la « Grande Laisse » lors des tensions de la Guerre Froide. Voilà un petit morceau d'histoire dans l'Histoire !