L'histoire :
Edmond, la trentaine, est un porc reproducteur dont la plus grande hantise est de finir sous la lame du boucher. Reproducteur certes, mais étrangement, il ne cesse de se soustraire à sa tâche. Lucien, le chien du patron, l’avait remarqué. Le patron cherche en conséquence un remplaçant à Edmond. C’est alors qu’Edmond fait la rencontre d’Hector, lui aussi porc reproducteur. Mais il se révèle homosexuel et promis à la boucherie. Malheureusement, les deux porcs ne travaillent toujours pas. Promis au scalpel, ils cherchent alors à s’enfuir et c’est Wolfgang qui va les y aider. Gardien promis lui aussi au trépas, il tombe amoureux d’Hector et quitte tout pour le suivre. Ayant occis quelques congénères, Edmond est poursuivi par la police. Edmond, Hector et Wolfgang doivent alors fuir en Afrique. Dans cet univers hostile, les interdits locaux entreront en contradiction avec les valeurs de nos chers personnages. Entre islam, homosexualité, interdits alimentaires et conversion religieuse, il s’ensuit alors une course poursuite aux accents loufoques…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette nouvelle édition revue et corrigée par les auteurs reprend les deux derniers volets de la série parus chez Albin Michel. Elle a été retravaillée à partir des originaux et complétée par une histoire de plusieurs pages d'essais restées inédites jusqu’à ce jour. Edmond le cochon, dont le premier tome fut publié en 1979, est une BD animalière insouciante, pensée sur le ton de la plaisanterie par les « vétérans » Jean-Marc Rochette et Martin Veyron. Dans le contexte de l’époque, toute la valeur de la BD résidait dans sa griffe cynique et irrévérencieuse. Pour le dire simplement, cette BD a fait souffler un vent de fraîcheur dans le paysage graphique, inaugurant un renouvellement des genres. Comme une résonance imagée de la vague punk, le ton résolument provocateur de la BD associait toute l’énergie rebelle de l’underground américain, avec comme chef de file Robert Crumb, et l’humour propre à la tradition animalière française (Calvo ou Rabier). A travers ces animaux anthropomorphes, le récit vous révèlera un peu plus à vous-mêmes et à vos valeurs (attention aux pulsions refoulées !). A s’y méprendre, vos comportements ressembleront étrangement à ceux de vos cousins les bêtes. Ecrite et dessinée sur le mode de la farce, Edmond le cochon est une œuvre intemporelle, dont l’humour décadent et l’ironie insolente n’ont rien à envier aux BD actuelles (souvent molles) oeuvrant dans ce registre. Monument de la contre-culture des années 80, appréciée puis oubliée, cette œuvre n’a pourtant rien perdu de sa verve protestataire. Vivement conseillée.