L'histoire :
Ça y est, il est fin prêt, décidé à remporter le précieux Graal, le fameux Goncourt, la palme du meilleur livre. Sûr de son talent, l'écrivain ne vise pas moins que la Ligue des Champions de la littérature. Seulement voilà, il faut être plus qu'un simple moine copiste pour réussir. Plusieurs qualités sont requises : savoir s'isoler, pratiquer l'autosatisfaction, avoir des certitudes, être capable de reporter à demain, être un peu torturé aussi et surtout avoir cette qualité rare qui s'appelle le génie. La patience et la ténacité en plus, sachant qu'il s'agit d'écrire le prochain grand roman du siècle. Problème : il existe dans l'histoire de la littérature des génies incompris ou ignorés. Notre écrivain, lui, préfère jouer dans la cour des Tolstoï, Céline ou Proust plutôt que dans celle de Marie Darrieussecq. Du choix du titre au choix des mots, de la technique maladroite à la panne d'inspiration, des critiques d'amis aux critiques d'éditeurs, le chemin qui mène au Goncourt ressemble à l'ascension de l'Everest sans piolet. Alors nouveau génie du siècle ou écrivain raté ? Artiste classique ou romantique ? En jeu, l'écriture du prochain roman à succès... Pas moins !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après la rentrée littéraire vient le temps de la remise des prix. Plutôt que de célébrer le prochain lauréat du très convoité Goncourt, Kierzkowski et Ephrem ont préféré narrer le chemin tourmenté qui y mène, truffé d'obstacles et d'angoisses, évidemment, en déconstruisant le mythe de l'écrivain à succès. L'écriture est un vrai labeur, une souffrance diront certains, surtout lorsqu'il s'agit du premier roman... Avec dérision et sans trop se prendre au sérieux, l'humour et le cynisme en prime, les auteurs se plaisent à narguer la figure de l'écrivain maudit, torturé et incompris, pour mieux tourner en ridicule les petits cénacles littéraires englués dans l'autosatisfaction narcissique. Résultat : c'est souvent drôle, bien senti et on se surprend à rire de la bêtise de ce petit scribe, ivre de son talent et sûr de sa réussite. A coups de métaphores éloquentes, de jeux de mots subtils et d'ironie moqueuse, les auteurs atteignent le plus souvent leur cible, tandis que le graphisme en noir et blanc, présentant un décor figé où seule l'expression faciale de l'écrivain change, vient souligner la suffisance du vainqueur soulagé, mais seul contre tous, éditeurs et lecteurs compris. Bref, si vous aimez vous moquer gentiment des scribouillards assoiffés de gloire tout en vous gaussant de leurs petits travers, alors jetez-vous sur ce petit fascicule qui, lui, a bien été édité par Cornélius.