L'histoire :
Adepte de meurtres, de tortures, de proxénétisme, de cambriolages, de piraterie, de sabotages, de chantages et de violences en tout genre, Fantamas, comblé, a déjà presque réalisé tous ses rêves. Pourtant, il lui reste encore une mission à accomplir : détruire l’Art. Quel art en particulier ? Celui des bourgeois conformistes, politiquement correct. En nihiliste patenté et serial killer armé d’une hache, à ses heures perdues, Fantamas a décidé de faire table rase du passé et de la pensée unique. Il pense être promis à une grande carrière d’artiste, celle du tueur le plus subversif que la planète ait jamais enfanté. Un appel à la liberté, une quête d’absolu, une volonté de détruire l’ordre bourgeois : voilà l’essence même du discours porté par Fantamas, sorte de vengeur masqué qui cherche à débusquer les pseudo-anarchistes ou rebelles de bas étage. Est-il ce « génie à la croisée de l’art et du crime » ? Ou bien un simple imposteur aux penchants les plus malsains, seulement avide de scandale et habité par le goût de la polémique ? Le crime est pour lui, à l’image d’un Fantomas, une figure de style pour dandy assumé. L’Art est aussi et surtout un crime…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Evidemment, L’Art et le Sang est à lire au second degré, sous peine de ne rien comprendre au message de Benoit Preteseille. Cette BD atypique, présentée sous la forme d’un joyeux jeu de massacre clownesque, est cynique, drôle, empreinte de bon sens et de lucidité sur ce qu’est devenu l’art en général : un discours de poseurs propre à flatter les ego et à faire monter les chiffres. Tout et tous y passent : l’hypocrisie et le snobisme parisiens, les conventions bourgeoises, la fascination pour les instincts racoleurs, la prétention des critiques à définir le Beau dans l’art, Picasso et les monstres sacrés... Les histoires sont pleines de références aussi fines qu’à propos, et Benoit Preteseille se plait à détourner la figure de Fantômas pour en faire un héros post-moderne fustigeant la médiocrité des bien-pensants. Toujours plein d’humour et de dérision, l’auteur fait de cette BD un outil de subversion efficace, propre à détruire toute autorité. L’art ne fait plus que le jeu du capitalisme, en obéissant à la seule loi de l’offre et de la demande. Car finalement, indépendamment de leurs qualités esthétiques réelles, les objets d’arts ont seulement la valeur que le public accepte de leur accorder. Tel est en substance le propos de l’ouvrage. Si l’art est un crime, nous suggère l’auteur, c’est parce que le marché de l’art, sa déclinaison aliénante, est une imposture. Benoit Preteseille, lui, est en quête d’absolu et de vérité. Et sa BD est intelligente et pas chère. Pour le Fantômas de Pierre Souvestre et Marcel Allain, le crime était un Art, alors que pour Fantamas, l’Art est un crime. On aime beaucoup, finalement, l’art du contrepied de Benoit Preteseille.