L'histoire :
Un jour, dans l'océan pacifique, une vague immense déferle sur l'archipel des Moluques. Laissant sur le rivage des créatures occultes, les sukoïds, qui tuent les pauvres touristes en short. Le soir même, d'autres personnes observent dans le ciel un phénomène étrange : un gigantesque quadrilatère de métal surgit du ciel... mais ce n'est pas certain non plus. Ni une, ni deux, des praticiens du paranormal débarquent pour résoudre le problème « rocambolien ». A savoir, le mutant Chris Thémistècle et son frère jumeau Félicien Thémistècle, « les tout premiers jumeaux gréco-romains potelés et meurtriers apparus depuis Rémus et Romulus ». Dotés de curieux super-pouvoirs, les deux compères vont tenter de sauver le monde, juste après avoir fait cuire un chevreuil... Pour les aider dans leur tâche, Fongor, un personnage dont l'hyperpigmentation de la peau s'explique par son incapacité à distinguer les lipides et les protides... Tout un programme !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Grand Amiral de l'absurde, Négus du non-sens, voilà comment l'éditeur Cornélius parle du travail de Pierre La Police, artiste passé maître dans l'art de pondre des récits aussi délirants que foutraques, mais toujours hilarants, sortis d'une imagination sans limite. Son histoire n'a ni queue, ni tête, l'auteur passant du coq-à-l'âne avec une insolente facilité. Ses personnages, ridicules et bien débiles, meurent écrasés par une plaque de béton et revivent l'instant d'après pour les besoins du scénar, tandis qu'en bas de planche une voix-off narre de grotesques péripéties : un chevreuil à manger, la coupe de monde de couscous à regarder, un Hulk jaune vénère, la naissance de proto-joël, le contraire d'un homme-tronc renversé plusieurs fois par des avions, et un monde à sauver... Impossible à résumer et inclassable, à la croisée de la SF et de la série Z, Pierre La Police y fait preuve d'un humour dévastateur, souvent du bête et méchant totalement absurde, parfois du potache régressif ou du simplement crétin, toujours inattendu puisque l'auteur se fiche pas mal de la cohérence de son histoire. Il invente ainsi un univers unique, complètement déconstruit, servi par une novlangue à la fois idiote, fine et brillante, un sens de la théâtralité guignolesque, une intrigue bancale bricolée dans un garage et des récitatifs plats sortis du néant (« Fongor le crève à coups de tatane », « Félicien Thémistècle révèle que les sukoïds sont des mollusques antédiluviens », « il a les yeux injectés de sandwich ! »)... Jouissif ! Attention, malgré tout, on ne sait pas comment il fait, mais Pierre La Police raconte bien une histoire, une vraie, cohérente, avec un début et une fin, bizarre certes, mais furieusement ironique et provocante. Au final, c'est encore l'éditeur qui en parle le mieux : « Pierre La Police cultive une forme de délire tout à la fois agressif et dégressif. Ses images sont des parodies de genres narratifs ; ses dessins, des détournements scélérats de la culture populaire ; son art, une superposition de maladresses savamment ordonnées »... Bref, du grand art, 21 ans après la première aventure rocambolienne des frères Thémistècle !