L'histoire :
Un lieu : la ville de Ronin, un pays indéterminé. Le temps : une sorte de futur. Un troupeau de chevaux sauvages passe sur le pont de cette ville fortifiée. Soudain, l’un d’eux est visé et tombe, fauché par un projectile de long calibre. Quatre étranges personnages, de petites tailles, coiffés de masques anthropomorphes, se félicitent de cet acte. Ils avalent chacun une pilule, comptent jusqu’à quatre, se transforment en rapaces, puis s’envolent. Tandis que la police arrive pour enquêter dans cette monarchie où il ne fait pas bon, apparemment, manquer de respect au roi, la confusion règne. Par contre, cela n’est apparemment pas le premier acte terroriste. Là encore, un détail arrête les enquêteurs : l’œil du cheval abattu est d’un noir profond, avec des étoiles brillantes à l’intérieur. Le signe d’une exposition au « nuage ». D’ailleurs, il va falloir dégager le terrain, car une perforation va avoir lieu sous peu dans la montagne…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Non, vous ne rêvez pas. Ou alors si, peut-être. D’un rêve que seul Antoine Cossé est capable de nous concocter avec ses histoires extraordinaires et oniriques à souhait. Nouveau Lewis Carrol de la bande dessinée, l’auteur arrive à nous embarquer dans des scénarii improbables, complètement déjantés. Et pourtant… Pourtant, cet album situé dans un royaume exploitant à outrance une ressource minière rare, le Metax, met dos à dos une bande de résistants révolutionnaires désirant contrer cette exploitation. L’auteur apporte une réflexion neuve et très moderne sur les problématiques écologiques contemporaines. En cela, il nous permet de garder notre attention, tout en brouillant plus ou moins les pistes. Il truffe non seulement l’histoire d’ellipses particulièrement opaques, nous laissant nous débrouiller quant à la marche à suivre du récit, mais il use aussi de son dessin très particulier. Celui-ci consiste en de grands aplats marron et des bulles noires, sur un trait très fin – un style très moderne tâtant de la peinture abstraite – évoquant l’étrangeté de films avant-gardistes tels que Malevil (C. de Chalonges, 1982, d’après R. Merle) ou Litan, la cité de spectres verts (J.P. Mocky 1982). Metax est un grand roman graphique et un tournant pour son auteur.