L'histoire :
Pépito est un petit pirate plein d'imagination. Commandant en chef du navire « La Cacahuète », il décide d'affronter les puissants, de défier l'autorité et de rétablir un peu de justice en ce bas-monde, aidé en cela par un équipage plus fantaisiste que jamais : buveurs invétérés de rhum et de tafia, amateurs de pièces, de ducats et de doublons, le lieutenant Crochette, le Bosco Ventempoupe, La Merluche ou encore Bec-de-fer rivalisent de bouffonnerie et d'inventitivté. Un seul objectif : débusquer petites arnaques et privilèges des représentants de l'autorité à l’œuvre sur l'île de Las Ananas, possession exotique du roi Alonzo XXXIV et gouvernée par sa Ventripotence Hernandez de La Banane, toujours plus corrompue et rigide. Ainsi, soucieux du bonheur et du bien-être de son peuple, La Banane a décidé d'imposer une nouvelle taxe sur l'air respiré pour, en fait, renflouer les caisses vides de l'île. Qu'à cela ne tienne, un mystérieux vengeur masqué va venir rétablir l'ordre pour montrer aux nobles et officiers que tout se paye : la bêtise, l'avarice et l'autoritarisme...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avant d'être un biscuit chocolaté bien connu, Pépito fut au début des années 50 un petit moussaillon justicier et libertaire, toujours prêt à ridiculiser les puissants de ce monde. Pour l'anecdote, une célèbre firme agroalimentaire eut alors l'idée saugrenue de racheter les droits du personnage pour aussitôt en interdire à son créateur la reproduction. Peine perdue, fort heureusement... Dans le très bel écrin d'une anthologie prévue en trois tomes, Cornélius rassemble les aventures de Pépito qui, dans les années 60, furent publiées en petit format dans les journaux populaires. Aussi fantaisistes que drôles, les histoires de Pépito conjuguent aventure, exotisme, suspense, jeux de mots bouffons, ironie et légèreté, pour un résultat immédiatement séduisant. Justiciers un brin libertaires, Pépito et son équipage excentrique sont en guerre perpétuelle contre l'ordre établi et les privilèges. Leurs aventures sonnant comme un défi à l'autorité, le refus de la soumission en bandoulière et la justice pour tous en idéal. Pour accomplir sa tâche, Pépito n'hésite pas à se déguiser, semer des embûches et parodier pour mieux se moquer. Les plus jeunes goûteront les aventures décapantes, drôles et légères d'un petit moussaillon diablement attachant, car rebelle tenace au pouvoir ; tandis que les plus grands verront en Pépito un anarchiste en puissance... Quant à la magnifique ligne claire de Bottaro, vive, fluide et maîtrisée, elle traverse les époques sans perdre de sa modernité, qu'elle soit colorisée ou non. Pour pousser plus loin l'analyse, lisez l'intéressante et documentée préface de David Amram (que l'on conseille d'ailleurs de lire comme une postface !) qui tente d'analyser l'univers Pépito tout en replaçant l’œuvre dans son contexte. Le texte rend aussi hommage à Luciano Bottaro, qui a notamment travaillé pour la branche italienne de Disney, en dessinant par exemple les aventures de Donald. La grande réussite de Bottaro étant d'avoir su conjuguer l'utilisation de formes conventionnelles propres à l'art populaire et une vision personnelle critique, presque politique, du fonctionnement des sociétés. Excellente initiative doublée d'une belle restauration : redécouvrez l'œuvre frétillante d'un auteur injustement méconnu, digne héritier européen de Carl Barks et autres Floyd Gottfredson. Toutes voiles dehors, à l'abordage moussaillons !