L'histoire :
En février 1919, en Biélorussie, il ne fait pas bon être tsariste. Sur le front de la révolution soviétique, l’armée rouge progresse vers l’ouest. Parmi les combattants bolcheviks, Aleksis Strogonov et son frère Oleg sauvent la vie au camarade Boulkine, un petit teigneux rondouillard à la grande gueule et aux petits bras. Pour les remercier de leur acte de bravoure, un colonel confie à tous trois la responsabilité de fonder un soviet dans une petite ville perdue du nom de Vobotna. Quelques temps plus tard, Aleksis a fui une cause en laquelle il ne croyait pas vraiment, pour tenter de trouver du travail sur les plateaux de cinéma allemands, à Berlin. Il est alors hébergé par un nostalgique du Keiser, membre des « chemises prunes » et militant du renouveau germanique… Puis, il s’exile dans une région agitée des Balkans, où il est retenu prisonnier par des indépendantistes du SILOLM (Séparation, Indépendance, Libération… Ou La Mort). Ces révolutionnaires sont tellement mal organisés qu’ils passent plus de temps à s’entretuer pour des raisons passionnelles qu’a lutter effectivement pour leur indépendance…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette intégrale réunit les 3 tomes d’Aleksis Strogonov publiés entre 1993 et 1998, Biélo, Kino, Tamo. Tour à tour, Jean Régnaud et Emile Bravo abordent 3 sujets historiques graves de l’est européen : la sanglante révolution bolchevique de 1917, la montée du fascisme dans l’Allemagne des années 20 et les conflits interethniques dans les Balkans. Si la réalité historique est parfaitement respectée, les auteurs parviennent cependant à adopter un ton léger, à travers un héros certes un peu ingénu, mais profondément humain. La critique du régime soviétique fait immédiatement penser à Tintin au pays des Soviets. Le dessin de Bravo emprunte d’ailleurs par moment un dessin fin, qui n’est pas sans rappeler l’efficacité et la précision de trait du grand Hergé. Mais les expériences vécues par le héros visent avant tout à dénoncer la bêtise des nationalismes de tous poils, qu’ils soient communistes, fascistes ou indépendantistes. Le message passe subtilement grâce à la légèreté de l’ensemble et aux nombreux traits d’humour.