L'histoire :
Dans la jungle urbaine contemporaine de nos latitudes dites civilisées, sévit une espèce de mammifère singulière : l’homme. Constance de Laplasse, célèbre conférencière spécialiste de cette bête curieuse, s’appuie sur quelques courriers des lecteurs pour livrer un exposé magistral, étayé de moult illustrations explicites. Son documentaire s’ouvre sur les rites quotidiens du sujet, pour aussitôt approfondir ses mœurs, sa logique de reproduction, ses usages d’accouplement. Comment reconnaître à coups sûrs le mâle ? Comment la femelle jette-t-elle son dévolu sur un individu plutôt qu’un autre ? En quoi consiste la danse nuptiale, les approches techniques et quels sont les processus chimiques qui se mettent alors en branle ? Le second chapitre de son exposé s’intéressera à l’activité de l’homme qui, à l’instar de la fourmi, structure et paramètre son existence, et détermine l’organisation sociale de son espèce. Troisième aspect évoqué par Constance : l’accouplement, l’enfantement, la grossesse, la mise à bat, l’accompagnement et la croissance du petit…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Vous, qui ouvrez cet ouvrage avec l’assurance que l’homme est bien assis au sommet de l’évolution, ce petit documentaire humoristique vous amènera à relativiser quelque peu. Au terme d’« environ 5 chapitres », le sieur Pluttark nous assène un exposé magistral et néanmoins caustique, cynique et loin d’être totalement idiot. Imaginez un martien qui regarderait nos comportements à la lunette télescopique, comme nous autres nous plaisons à observer et commenter les agissements des fourmis dans leur fourmilière. Tel un entomologiste malicieux, Pluttark en tire des analyses techniques, à contre-pied de nos certitudes quant à la supériorité du règne humain. Après tout, nos boîtes de nuit permettent la pratique de danses nuptiales, notre peau adolescente est comparable au travail de la chrysalide, notre répartition du travail est similaire à celle des fourmis et nous obéissons effectivement à des rapports de dominants/dominés. Mais le plus drôle, la substantifique moelle de la démarche, ce sont les illustrations en total décalage avec le propos en voix off, forcément bidonnant. Or selon une source proche des milieux éditoriaux, Pluttark ne serait autre que Rudy Spiessert, déjà connu pour avoir dessiné le Stéréo club et Ingmar. On retrouve en effet le même type de graphisme synthétique très stylisé, encore plus purifié que pour les deux séries précédemment citées, mais parfaitement adapté au propos. Alors, finalement, l’homme descend-il ou est-il encore un singe ?