L'histoire :
Martin Veyron, la cinquantaine, fut l’auteur d’une bande dessinée à succès dans les années 80. Un peu désenchanté par la vie depuis, il végète à Paris, rattrapé par des problèmes de santé (un problème de prostate) et d’argent (il est à découvert). Lui ne rêve que d’une chose désormais : cultiver son jardin et retrouver le goût de la création. C’est alors qu’une jeune et jolie journaliste d’Arte l’appelle pour lui proposer un rendez-vous professionnel. Elle souhaite réaliser un documentaire sur le point G, zone érogène difficile à trouver pour les femmes et objet de science relativement incompréhensible pour les spécialistes. Martin Veyron, en connaisseur patenté, se livre bien malgré lui au jeu de la journaliste. Il décide de répondre aux questions, par curiosité, mais sans trop y croire, partagé entre l’envie de se prendre en main et le déni d’une réputation sulfureuse qui lui colle à la peau, telle une sangsue. Cette situation va servir de prétexte à un défilé de saynètes à la fois drôles, caustiques et désopilantes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Rappelez-vous, Martin Veyron fut l’auteur en 1982 d’un « best-seller » sulfureux de la bande dessinée, L’Amour propre (ne le reste jamais très longtemps) chez Albin Michel, vendu à 180 000 exemplaires. Cet album au succès inattendu propulsa l’auteur sur le devant de la scène, façonnant ainsi son inusable réputation de pornographe obsédé par le sexe, une image qui lui colle à la peau depuis lors et dont il se passerait volontiers aujourd’hui. En effet, Veyron n’a jamais voulu faire « du cul » pour le cul et il se vexe lorsque ses lecteurs ne retiennent que la simple dimension érotique, voire pornographique de cette BD. Car Martin Veyron, c’est bien plus que du sexe. Dans cette fausse suite, 27 ans plus tard, il nous présente ses talents de conteurs et de metteur en scène. Il manie avec aisance l’art du dialogue et l’humour, en nous proposant des scènes incongrues ou ubuesques (voire la scène de la garçonnière, lorsque ses petits-enfants dessinent au rez-de-chaussée, tandis que lui, à l’étage, essaye de trouver le point G d’une femme pour la faire jouir…). Esprit railleur maniant l’auto-dérision avec doigté, il n’hésite pas à user d'une ironie acerbe et distanciée pour montrer le désenchantement croissant de nos sociétés, en la conjuguant à un graphisme simple et efficace, un peu vieillot peut-être. Martin Veyron, c’est aussi un esprit libre qui s’attache à pourfendre les petites dérives de nos sociétés modernes : l’appât du gain, l’obsession pour le sexe, la corruption liée à l’exercice du pouvoir. Il s’inscrit ainsi dans la tradition de la BD moraliste, au sens noble du terme. Une belle mise en abyme et une réflexion pertinente de l’auteur sur sa vie et celle des autres…