L'histoire :
Sur le front allemand, en 1945, Al se remémore les évènements qui l'ont conduit à s'engager à la fin de la guerre. Il se souvient de sa sortie de prison, après dix ans de peine pour la tentative avortée de faire tomber le maire de New York, avec l'aide de la mafia. Lorsqu'il avait retrouvé la liberté, Al ne savait pas ce qu'étaient devenus ses anciens compagnons cireurs de chaussures, qui avaient comme lui cru possible de s'en sortir en participant au crime organisé. Impossible également de retrouver la trace de Maggie, la très jolie fille du quartier qu'il rêvait d'emmener un jour sur la grande roue de Coney Island. Mais la réalité du front va le rattraper. Alors qu'il pensait participer à la victoire sur Berlin et qu'il s'imaginait y planter un drapeau américain, le new-yorkais d'origine allemande déchante. Il a été muté vers un bataillon dans le sud du pays pour une raison qu'il ignore, et apprend qu'il va devoir dès le lendemain aller porter secours à des troupes en difficulté face aux derniers soldats du Reich qui opposent une résistance jusqu'au-boutiste. Il va alors faire une rencontre inattendue.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce deuxième diptyque, Mikaël confirme la puissance de sa personnalité graphique, tout en restant dans un thème proche de son précédent travail qui avait suscité un bel enthousiasme. Comme dans Giant, le dessinateur s'exprime dans une veine réaliste très expressionniste, parfois dramatique, dosant avec justesse les ombres denses et les couleurs qui les complètent. Les tons de vert, d'orange et de gris qui constituent l'essentiel de la palette de l'album ne sautent pas aux yeux à la première lecture, mais créent une ambiance d'époque parfaitement rendue. Sur le plan du scénario, l'auteur n'est pas devenu un boute-en-train. La vie du jeune Al, comme ses souvenirs, sont emplis de moments dramatiques. C'est sous cet angle qu'on aimerait probablement voir ce très talentueux raconteur d'histoires évoluer petit à petit. Etre un peu plus tendre avec ses personnages et leur mener la vie un peu moins dure, sans pour autant terminer ses albums sur un soleil couchant et un couple d'amoureux au bord de la mer. Mikael s'est plongé au cœur de l'Amérique et de ses inégalités criantes, dans une période qu'il dépeint avec un grand talent, au côté de personnages qui subissent de plein fouet la dureté de leur époque. L'immersion est forte, les ambiances sont denses, et les images marquantes. Une réussite narrative qui confirme la montée en puissance d'un artiste à suivre de près.