L'histoire :
Avec ses amies, Anne fait partie d’un groupe de femmes qui suivent les troupes de soldats et dépouillent les morts ou blessés graves une fois la bataille entre factions ennemies terminés. Un jour, un soldat mourant lui remet un pli en lui assurant qu’en le portant au château du Comte d’Astrat, elle serait largement récompensée. Cependant, en arrivant sur place, Anne est envoyé dans les geôles, sans raison. Elle se retrouve dès lors régulièrement violée par le geôlier, ainsi que par tout homme qui en a l’envie et accepte de donner quelques pièces au gardien de la prison. Puis ce qui devait arriver arriva : Anne finit par se retrouver enceinte d’un de ses visiteurs réguliers. Neuf mois plus tard, la jeune femme met au monde le bébé le plus laid du monde. Le geôlier lui arrache directement l’enfant des bras et le donne comme nourriture à sa chienne. Mais alors que l’animal vorace dévore même sa propre progéniture, il décide étrangement de s’occuper du bébé et le nourrit même avec le lait de sa dernière portée. Trois ans plus tard, Anne meurt. Son fils, désormais surnommé Glaviot à cause de sa laideur, se charge petit à petit de toutes les tâches ingrates à la place du geôlier, tout en discutant de tout et de rien avec les prisonniers. Quelques années plus tard, le Comte le découvre et décide de l’offrir à sa fille comme nouvel objet de distraction…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le prolifique scénariste Zidrou est de retour pour un récit dans lequel il excelle. Ce conte à l'apparence de ceux de notre enfance, possède néanmoins un curseur cruauté et un côté sombre poussés à l’extrême. L’auteur nous fait tout d’abord découvrir le destin tragique d’Anne, contrainte de vendre son corps à l’âge de 13 ans, puis violée chaque jour dès ses 14 ans, à plusieurs reprises au fond d’une geôle crasse. Puis Zidrou bascule sur son fils, personnage principal du récit, rejeté par tous et nommé Glaviot à cause de sa repoussante apparence. Néanmoins, Glaviot fait office de lumière au cœur de cet univers noir, car il traverse toutes ses épreuves avec courage, tout en gardant sourire et bonne humeur. Tour à tour monstre, bouffon, puis sauveur providentiel semblant posséder un don, Glaviot n’a pas le temps de s’ennuyer... et nous non plus, face à ce récit doté de nombreux événements et d'une intrigue captivante. Aux dessins de ce one-shot, on retrouve Francis Porcel qui a déjà travaillé avec Zidrou pour l’album Folies bergères. Le dessinateur livre des graphismes expressifs et immersifs grâce à un encrage prononcé et un emploi des couleurs parcimonieux. Bref, si vous n’êtes généralement pas effrayés/dérangés par la noirceur des choses, vous apprécierez ce récit aussi sombre que profond, aussi plaisant que dérangeant, où l’espoir n’est jamais loin…