L'histoire :
C’est le jour de la rentrée. Le vague à l’âme, Valentine, 14 ans, prend le bus pour le collège. A la porte de l’établissement, elle est heureuse de retrouver ses copines Julie, Yasmina et Emilie. Ensemble, elles sautent de joie à l’idée d’être de nouveau réunies dans la même classe, la troisième 3. Cependant, Valentine ne peut s’empêcher de jeter un œil furtif sur les listes affichées: Félix, le garçon dont elle est secrètement amoureuse, est en troisième 4. Les quatre copines ont à peine le temps de raconter leurs vacances, que la sonnerie retentit. Elles rentrent en cours, découvrent leur prof principal et copient un emploi du temps plutôt bien foutu, cette année, une fois n’est pas coutume. Le soir venu, Valentine rentre chez elle et se cale devant la télé en attendant le retour de sa mère. Divorcée, cette dernière éduque seule et de son mieux sa fille unique… Valentine n’est guère bavarde, comme à son habitude. La nuit venue, elle cherche le sommeil en fantasmant sur les 1000 façons d’aborder Félix dans l’optique d’un début de relation favorable…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La très grande force de ce récit, c’est son réalisme époustouflant, aussi bien en ce qui concerne le quotidien des adolescentes de cet âge que leurs états d’âmes juvéniles. Les dialogues eux-mêmes adoptent un langage « djeunz », aux expressions toutes faites et au vocabulaire limité. On a l’impression constante d’être la copine invisible, tantôt du groupe d’amies, tantôt de manière plus intime aux côtés de l’héroïne Valentine, et de participer à chacun de ces moments adolescents. Une véritable cure de jouvence, faite à la fois de gentilles transgressions (oups on fume une taffe ; oups on boit un verre d’alcool) et de l’insouciance inhérente à cette période de la vie, où l’on n’est plus tout à fait une enfant mais pas encore une adulte. Or, cet atout du réalisme s’avère être également la principale faiblesse du récit : il ne se passe effectivement rien d’extraordinaire en cette année de troisième. On embarque donc durant 192 planches dans le même traintrain scolaire que ces ados en furie : la perm, la cantoche, les interros, les ragots, les flirts, les devoirs, les défoulements et… les refoulements. Car un suspens insoutenable s’immisce néanmoins dans ce quotidien banal, à travers la relation que Valentine entretient avec… elle-même ! Secrètement transie d’amour pour Félix, elle réprime ses sentiments et souffre en silence, tout en jouant le rôle du bien-être auprès de ses amies. Tétanisée, elle retient son souffle quand elle passe dans l’entourage proche de ce garçon idolâtré… Sur cet aspect, ce premier volet (sur 3 prévus) est accaparant au plus haut point : on vibre à chacun de leurs rapprochements, on trépigne d’impatience à la voir enfin faire le pas décisif. Dans L’année du dragon, Vanyda avait déjà prouvé son savoir-faire pour la gestion des émotions, à travers des cadrages et procédés graphiques habiles. Sans pourtant changer d’un iota son esthétique 100% manga –un dessin toujours semi-réaliste en noir et blanc, rehaussé par diverses trames et textures de gris – on a l’impression qu’elle monte encore d’un cran dans la transmission des tendres sentiments, un art très particulier. Allez, cueillez une pâquerette et ne vous privez pas d’une bonne cure de jouvence !