L'histoire :
Cette nuit-là, Zoran met en action son plan pour faire évader sa sœur des griffes de la mafia albanaise. Armé d’un grappin et d’une corde, il pénètre dans l’enceinte du lupanar de Zani et se faufile discrètement sur le chemin de ronde. Il trouve sa chambre et y pénètre au moment même où elle s’apprêtait à s’injecter une nouvelle dose d’héroïne. Quand il l’en empêche, une brève altercation débute, qui attire un garde. Zoran l’étrangle et met le feu au bâtiment, pour faire diversion tandis qu’il s’enfuit avec Ana. Il l’ignore, mais tandis que l’incendie ravage sa villa, Zani le repère dans la lunette de son fusil… et le laisse filer, le regard vengeur. Quelques jours plus tard, à Strasbourg, les hauts-fonctionnaires européens sermonnent vigoureusement Marchal, le patron de la Poison : ils viennent en effet d’apprendre que la cellule a osé utiliser les fonds qui lui étaient alloués pour ouvrir un bordel de luxe en Espagne… La finalité vise certes le démantèlement d’un réseau de prostitution venu des Balkans, la méthode aurait de quoi heurter l’opinion. Au même moment, Claire, à la tête de l’établissement, est contrariée : le rendez-vous avec l’immonde Zani (qu’elle cherche à piéger) est soudainement avancé d’un mois. Elle va devoir se rendre seule en Albanie et se débrouiller pour la « transaction », car Zoran ne sera pas rentré…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les évènements s’accélèrent, implacablement, dans ce 4e et avant-dernier épisode. Rappelons que la série avait débuté par un flash-forward, où l’on voyait Claire abuser de ses prérogatives de flic pour buter un proxénète de face et de sang froid, en plein Paris. Mais pourquoi tant de haine ? La clé de l’explication se situe dans cet opus, où l’ont suit tout d’abord Zoran qui fait évader sa sœur, puis Claire qui fonce tête baissée dans un piège terrible. Tout sordide soit-il, le milieu servant de cadre à ce thriller demeure très classique. La mafia albanaise, le mécanisme de la toxicomanie pour asservir les filles, la prostitution de masse, réservent ce polar noir à un public averti. Plus original, le découpage en chapitres, mélangeant les époques, permet à Laurent Astier de délivrer les informations en temps voulu, afin de maintenir le suspens à son comble tout du long. L’auteur se permet aussi une parenthèse didactique, le temps d’une brève histoire géopolitique de l’Albanie et d’un focus sur les dérives mafieuses de la « loi du kanun » qui sévit encore aujourd’hui là-bas. Mais l’atout majeur de Cellule Poison tient sans doute à son dessin, une superbe griffe entre semi-réalisme et réalisme. 92 planches encrées, précises et décontractées à la fois, c'est-à-dire sans la moindre rigidité… c’est assez rare pour être souligné. Et bien sûr, Astier assoie l’opus par la traditionnelle bichromie osée, volontairement vintage, qui enferme et donne presque la nausée (ici, c’est un compliment) et consolide la « glauquitude » des faits.