L'histoire :
Si l’homme descend du singe, donc du règne animal, les animaux descendent quant à eux nécessairement du règne végétal… Les frères Morchoisne nous le prouvent en assimilant judicieusement dans ce recueil de caricatures les hommes et femmes politiques français(es) avec divers grosses légumes, cucurbitacées et autres tubercules aux physionomies approchantes. En effet, vous n’aviez sans doute jamais remarqué que Martine Aubry avait une tronche de tomate, que Dominique de Villepin se confondait avec le poireau, que Daniel Cohn-Bendit avait une tronche de brocoli, Marine le Pen de Potiron, Olivier Besancenot de Navet et que Jean-Louis Borloo s’assimilait étonnamment avec une grappe de raisin…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le mois de décembre se prête donc t-il à la caricature ? Au même moment, sortent en effet deux ouvrages consacrés à cet art délicat : la Tibetière (par Tibet) chez le Lombard et les présents Légumes chez Dargaud. L’auteur principal de ce dernier ouvrage est un vieux routier de cet exercice satyrique souvent réjouissant et néanmoins difficile à maîtriser finement. Jean-Claude Morchoisne a en effet commencé à publier ses caricatures en 1968 dans Pilote ! Il cible ici, pour la énième fois, ses victimes favorites, qu’il doit maîtriser sur le bout des critériums : les hommes et femmes politiques français(es). Après de nombreux recueils des Grandes gueules, il les « fixe » désormais à la perfection, usant de nouveau de l’option finaude dont il est passé maître : l’assimilation, en trois étapes, des victimes avec des animaux… A cela prêt que, cette fois, les animaux sont des fruits ! Rien à voir cependant avec les œuvres du peintre maniériste de la renaissance Giuseppe Arcimboldo (dont les portraits étaient effectivement composés d’une multitude de fruits et légumes). Ici, c’est la forme générale qui est retenue comme canevas de base pour déterminer la forme du visage de la personnalité visée. Après tout, Philipon et Daumier, n’avaient-ils pas popularisé le genre en assimilant pour la première fois le roi Louis-Philippe avec une poire (appelée « Philippon ») ? La simple représentation de ce fruit avait ensuite suffit à évoquer ledit roi : la « Caricature » était née, du nom du journal éponyme. Version Morchoisne, le choix des fruits est jouissif ou féroce (selon l’opinion du lecteur), mais toujours pertinent et truculent, car essentiellement basé sur la notoriété psychologique publique. Les petits textes humoristiques qui les accompagnent, signés de Jacques Morchoisne, ne sont en revanche pas toujours nécessaires. Le frangin a en effet tendance à forcer son talent, à verser dans la facilité, option almanach Vermot. Un recueil de primeurs, mais non primordial…