L'histoire :
Le Guinea Lord est de retour et la terre tremble sous les sabots de la monture de cet invincible guerrier. Le diable en personne en est le propriétaire et pas même un Chevalier du Pardon ne peut l’arrêter… Si cette créature s’est à nouveau mise en chasse, c’est pour rencontrer une puissante Morigane qui a pris ses quartiers dans le château de Lord Galway. La sorcière a réussi, il y a peu, à tromper la vigilance des Chevaliers du Pardon qui l’avaient séquestré. Mornoir (c’est son doux nom) doit son salut à Eïrell, un apprenti de ses geôliers, chez lequel elle a vu naître doute, envie et jalousie. Vexé de n’avoir pu participer à la précédente quête de Sill Valt, occupé qu’il était à prier 40 jours durant, le jeune homme est définitivement hors de lui lorsqu’il apprend que son maître le libère de toute obligation et lui préfère Seamus son ami. Il choisit alors, pour mentor, la Morigane et la délivre de sa prison. Sill Valt et son nouvel apprenti n’ont pas le temps de s’attarder sur cette trahison, car ils doivent remplir une mission de la plus haute importance : retrouver la fée Sanctus, une ancienne sorcière touchée par la grâce. Elle est la raison du retour en force des Moriganes et du Guinéa Lord, qui ont peur de son incroyable puissance. Pour échapper à ses anciennes sœurs, elle doit sans cesse changer d’apparence et se cacher. Pour l’heure c’est sous les traits d’une jeune adolescente qu’elle se terre parmi les porcs d’un avide fermier. Mais plus pour longtemps car la chasse est lancée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En inaugurant en 2004 un nouveau cycle de la Complainte des landes perdues, Jean Dufaux et Philippe Delaby prenaient un énorme risque : décevoir une horde de bédéphiles que la légende de la princesse Sioban avait comblés. On joue avec le feu lorsqu’on titille un chef d’œuvre, quand on exploite le filon. Bien loin de nous servir des restes, les 2 compères de Murena nous cuisinent un plat tout aussi délicieux. Ouvert par Moriganes, ce second cycle (il y aura 4 tomes) se veut tout aussi flamboyant que son ainé. Il s’agit ici d’explorer une période antérieure aux premières complaintes, avec pour élément commun le personnage de Seamus, jeune chevalier du pardon. On suit pas à pas ses quêtes : celle évidente qui l’oppose, en compagnie de son mentor, au mal, représenté par les Moriganes ; celle plus secrète et intérieure qui fera de lui ce personnage si particulier. Mais outre la volonté d’unir sa série, Jean Dufaux n’oublie pas pour autant de nous divertir. Ce second épisode y parvient, d’ailleurs, parfaitement. On est vite happés par le charisme des héros : qu’ils soient bons ou mauvais, leurs personnalités irradient. Si vite emporté, du reste, que le dénouement nous laisse orphelin, car il invite à patienter jusqu’au prochain volume. C’est bien là son unique défaut. Le dessin rigoureux de Philippe Delaby sert à nouveau admirablement le propos. On sent qu’il s’est fait plaisir, en particulier sur les faciès les plus hideux. A noter, une excellente mise en couleur de Jérémy Petiqueux (à suivre celui là !) qui parachève le somptueux travail de son confrère. Ce second chapitre laisse présager un cycle réjouissant, la complainte de l’île légendaire n’a donc pas fini de nous bercer.