L'histoire :
Le Guinea Lord est satisfait. Il vient voir la Mater Obscura, reine des Moriganes, celle-là même qui lui avait confié la mission de retrouver Sanctus, la traîtresse. Satisfait, il l’est, parce qu’il porte à son flanc un petit sac contenant la tête de la fée. Il est sûr de lui. Pourtant, lorsque la Mater Obscura jette la tête dans le brasier de la cheminée, celle-ci se consume aussitôt. Or, mortes ou vives, les fées résistent aux flammes. Sanctus est donc toujours vivante et bernée par Seamus, Le Guinea Lord a échoué. Aussi, la reine des Moriganes lui demande t-elle de déposer son armure d’invincibilité, ce qui signifie tout simplement qu’elle va le tuer. Mais le puissant chevalier en a décidé autrement : il ne se laisse pas faire et quitte son hôte, bien décidé à mettre la main sur Sanctus une bonne fois pour toute. Sill Valt, quant à lui, chemine en terres du Nothurland, lieu de résidence de la mère du Guinea Lord. Il pense qu’en faisant connaissance avec la génitrice, il trouvera la faille pour lui permettre de se débarrasser à jamais de ce démon. Mais en arrivant aux abords du Château de celle qu’on nomme « la Dame à l’Hermine », il fait le douloureux constat de l’atmosphère malsaine qui y sévit : une terrible malédiction semble frapper tous les hommes qui auraient eu « le privilège » de tomber sous le charme de la belle châtelaine. Piège ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est dans un contexte bien particulier que le cycle dédié aux Chevaliers du Pardon (prenant place juste avant la saga originelle) nous livre ses secrets pour la dernière fois. Le décès brutal de Philippe Delaby en janvier 2014, après qu’il a réalisé 34 planches de cette quatrième chevauchée aux côtés du jeune Seamus, teinte en effet cette conclusion d’une légère mélancolie. D'ailleurs le récit s’en fait (volontairement ou non) l’écho, confiant la trame aux aspirations d’un Seamus et surtout d’un Sill Valt soumises aux douloureux aléas de la destinée. Sens du sacrifice, poids des responsabilités, faiblesses humaines, choix douloureux, puissance ensorcelante du sentiment amoureux, conduiront l’un et l’autre à accomplir ce qui était sûrement déjà écrit... Si d’un côté le scénario se montre plus rapide à traiter le cas de Seamus, il offre de l'autre à Sill Valt un impeccable terrain de jeu pour porter la dernière estocade. On attendait l’ultime confrontation avec le Guinea Lord : nous l’aurons ! Avec en sus une étonnante surprise, des rebondissements, du sexe et de l’action… Bref, un final digne d’un Chevalier du Pardon : dans le parfait respect du charisme de ce personnage, des aspirations épiques de la série et du décorum d'heroïc-fantasy, option bestiole et vilaines sorcières, qui colle si parfaitement à la peau (d’écailles…) de cette série. Ajoutez à cela une narration en voix off parfaitement ciselée, mais surtout une maestria graphique unique de bout en bout, avec un passage de témoin à Jérémy pour les 21 dernières planches d’une incroyable fluidité. Vous aurez du mal à imaginer devoir en rester là avec cette si envoûtante Complainte des Landes Perdues…