L'histoire :
Nana Miller est bloquée dans les embouteillages à Copenhague. Elle est dans un taxi qui l’emmène de l’aéroport à son hôtel, où elle a pris une réservation pour six nuits. Nerveuse, elle fume dans le taxi sous le regard courroucé du conducteur. Elle essaie maladroitement de se justifier auprès de sa fille Joyce, 14 ans, de l’avoir laissée seule à Paris pour la semaine avec un reste de lasagnes et un billet de 100 euros. Elle avait besoin d’air. Sa fille est furieuse et Nana n’entend pas grand-chose. La fanfare accompagne la relève de la garde devant Amalienborg. Mais tout à coup, un évènement inconnu enraye tout. Les gens et les animaux courent dans la rue, les chevaux désarçonnent les cavaliers. Tout le monde est paralysé. Le chauffeur allume même une cigarette dans sa voiture. Un corps a été retrouvé. Un corps de sirène. Le pays s’arrête. Lorsqu’elle arrive à l’hôtel, Nana n’arrive pas à se faire entendre du personnel de l’hôtel. Un enfant dans un corps de géant quadragénaire lui offre de l’aide. Il s’appelle Thyge Thygesen, et ensemble ils vont enquêter sur la mort de la sirène…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une femme en burn out qui laisse sa fille de 14 ans seule à Paris pendant une semaine ; une armoire à glace présentateur de radio d’une émission pour enfant, affublé d’une moustache seventies et d’un caniche rose ; une bande de vieillards à chiens et un méchant tueur de sirènes… l’enquête d’Anne-Caroline Gandolfo et de Terkel Risbjerg ressemble furieusement à un roman de Paasilinna. Le bizarre le dispute au loufoque, l’humour noir épice l’onirisme. On est très vite happé par cette bande d’outsiders qui sont tous extrêmement attachants. Le ton est résolument comique, même si l’enquête policière est menée avec sérieux. Le dessin est très mobile, tout en rondeurs qui changent et se bouscule. On a l’impression d’être dans un rêve dès la première page, et c’est un peu l’objectif de l’héroïne : se retrouver au pays d’Andersen, le maître du conte de fées. Et elle en vit un ! Le duo franco-danois Gandolfo / Risbjerg fonctionne comme aux belles heures, avec un nouvel album réussi après les récents Sousbrouillard et Le Don de Rachel ou le plus ancien Perceval. La narration fonctionne parfaitement, le lecteur est emporté dès le début et se retrouve à la fin, sur un petit nuage, à se demander comment il est monté là. On en redemande.