L'histoire :
Cela se passe durant l’été 1956. Le gouvernement de Guy Mollet peine à endiguer la crise, tandis que la guerre d’Algérie s’enlise. On parle (déjà !) d’un remaniement ministériel… Mais bon sang, que fait le général de Gaulle ? Le libérateur est à la plage, en compagnie de bobonne Yvonne, du fiston, de son fidèle Lebornec et de son chien Wehrmacht, rejeton du chien-loup d’Hitler. Rien de tel qu’un peu d’oisiveté pour se préparer à diriger la France (NDLR : 2 années plus tard). Torse nu, en short, les tongs aux pieds et le blaire au vent, il laisse son esprit fluctuer au grès des marées, se tenant les mains dans le dos. Tantôt il pique un roupillon, tantôt il se baigne (rudement pratique d’être grand au milieu des vagues), tantôt il joue avec Wehrmacht… Par moment, il ne peut réprimer sa verve déclamatoire à l’encontre d’une mouette ou d’une bigoudène. Mais attention, toujours avec cette noblesse de corps et d’esprit qui le caractérise. Qu’il vienne à manquer un ballon ? Charles lance un appel au micro (c’est le 18 juin). Et puis le monde est petit : dans la salle de resto, il y a justement Churchill, qui se délasse, en famille…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Apparu pour la première fois dans le recueil collectif Vive la politique, le concept – excellent – avait fait mouche ! La transposition burlesque d’un grand (!) homme tel que de Gaulle dans un contexte relativement ridicule est assez jubilatoire. Il faut dire que le sérieux et la majesté du personnage tranchent singulièrement avec le port de tongs qui font flip-flop… Ne cherchez pas à recouper ces historiettes avec les actualités de l’époque : l’auteur s’est affranchi des rigueurs historiques pour pouvoir s’éclater en toute liberté. Pour aller jusqu’au bout de la démarche, Dargaud édite ce Poisson pilote avec un dos toilé (comme les Tintin de l’époque) et la colorisation adopte des teintes passées et des trames « à l’ancienne ». Au recto, on peut également découvrir toute une liste d’aventures parodiques factices, comme autant d’albums de Martine… Ces tranches de vie estivales au second degré adoptent le même découpage en gags que pour Le retour à la terre, scénarisé par le même Jean-Yves Ferri. Soit 2 tranches par page, sur 46 planches… Tantôt subtil, tantôt moyen, il faut peut-être avouer que cet humour décalé aurait tendance à s’essouffler sur la distance. A découvrir avec parcimonie, un petit peu tous les jours…