L'histoire :
Max se réveille seul dans son lit. Un coup d’œil maladroit à son téléphone portable le ramène à la dure réalité. Il se lève. Toilette, bouffe au chat, petit-déjeuner et brossage des dents. Un dernier coup d’œil au téléphone. Il a la mine grave. Il enfourche son vélo et traverse la ville en direction de la salle de sport. Car Max est entraineur de tennis de table pour le très haut niveau. Or les sportifs qu’il prépare pour les JO de Pékin montrent encore bien trop de petites imperfections – mais aux grands effets – dans leurs jeux, pour rivaliser avec les champions asiatiques. Le tennis de table est avant tout un duel psychologique pour lequel il faut pouvoir compter sur des réflexes instinctifs. Et quand bien même on atteint l’objectif ultime de la performance absolue, qu’est-ce que représente cet instant à l’échelle d’une vie, ou de la société d’aujourd’hui ? Alors qu’il vient de se faire plaquer, Max assume son job d’entraineur. Mais cette épreuve l’amène à mettre en perspective sa vie amoureuse et les exigences terre-à-terre de son sport. La philosophie orientale sera la voie de son introspection…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour sûr, la couverture épurée et peu engageante de ce one-shot interpelle. Et après l’avoir lu, après avoir été ému par la sensibilité de son récit, après avoir été séduit par son dessin de haute volée, le sens du titre demeure encore insaisissable et vaporeux. Laurent Bonneau a tout d’abord frayé avec le thriller en compagnie de son frère et scénariste Julien (sur le triptyque Metropolitan). Il se la joue désormais auteur complet, pour son premier « roman graphique », dans un registre d’obédience « indé » et néanmoins publié par un grand éditeur. Son histoire se déroule sur un peu moins d’une journée, le temps qu’un jeune entraineur de tennis de table remette en question ses perspectives professionnelles et l’orientation de sa vie sentimentale. Ah ça, vous ne vous attendiez sans doute pas à être ému par un joueur de ping-pong qui se fait lourder ! En réalité, Bonneau met surtout cette histoire intimiste au service de ses multiples envies graphiques. Cet artiste issu des Arts Décos de Paris varie les techniques avec beaucoup d’inspiration et une belle modernité, avec un art consommé de la mise en scène cinématographique. Tout prend vie avec un traitement adapté : des pinceaux tantôt brossés, des gribouillis d’une grande justesse (sic), des aplats osés de couleurs vives, quelques compositions aux géométries numériques en contrepieds, des « accidents » de papier gorgé d’eau colorée, des superpositions quasi psychédéliques… Et aucun phylactère, malgré les nombreux dialogues délicats. Incontestablement, Bonneau maîtrise son affaire et apporte de grosses bourrasques de fraîcheur au 9ème art. S’il met ses œuvres à la portée du grand-public sur le plan narratif, cet auteur va faire un malheur !