L'histoire :
En 356 avant JC, à Ephèse, un jeune grec du nom d’Erostrate met le feu au temple d’Arthémis, provoquant ainsi sa destruction. Dans la cité, c’est la stupéfaction et les rumeurs vont bon train sur les responsables potentiels de cet attentat : un coup des athéniens ? Des jaloux du plus beau temple du monde ? Un dieu qui veut régler des comptes avec Arthémis ? Erostrate clame sa culpabilité, mais elle n’est pas audible pour les citoyens d’Ephèse. Il sera finalement arrêté et présenté aux sages du conseil. Le jeune incendiaire explique que son geste était motivé par le souhait de devenir célèbre. Cette justification apparaît bien futile et insuffisante pour les sages du conseil. Ils décident alors de le torturer mais n’obtiennent pas d’aveux complémentaires : le mobile demeure saugrenu, celui d’accéder à la notoriété. Les sages se décident d’essayer de comprendre pourquoi et comment Erostrate en est venu à commettre cet acte fou.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’histoire d’Erostrate, cet éphésien qui a brulé l’une des sept merveilles du monde pour passer à la postérité, a donné son nom à une nouvelle forme de narcissisme : le complexe d’Erostrate. En effet, avec la multiplication des réseaux sociaux et le culte de l’apparence, certaines personnes en quête de like, de reconnaissance, d’admiration se cachent derrière des postures, des images artificielles d’elles-mêmes. Dans cette mise en scène, ces personnes se définissent par leur apparence et en font un véritable mode de vie qui cache souvent certaines failles plus profondes. Martin Veyron, intrigué par le désir impérieux de certaines personnes sans envergure, sans capacités exceptionnelles, à vouloir accéder à la célébrité, s’est donc penché sur l’Histoire antique d’Erostrate. Après son forfait, Erostrate a été brûlé vif et toute personne qui prononçait son nom était menacée du même sort. Disposant donc d’assez peu de matière sur Erostrate, Martin Veyron a ainsi réinventé la vie de ce fils de potier, contemporain de Diogène, Aristote, Démosthène, Hésiode ou encore de la prostituée Phryné. C’est donc une histoire qui s’intéresse à la société grecque antique, ses mœurs avec de nombreuses références philosophiques. Ce conte politique n’est pas une lecture des plus faciles et elle recèle quelques longueurs, comme certaines des anecdotes avec les philosophes dont on ne saisit pas toujours clairement le lien avec le propos du récit. Comme à son accoutumée, Martin Veyron glisse quelques pointes d’humour un peu grinçant, dont il a le savoir-faire, qui donnent un peu de légèreté bienvenue à ce roman graphique ardu de plus de 200 pages.
