L'histoire :
Thérèse se demande encore pourquoi elle a réclamé à ses parents de partir en pension. La voilà au lit dans un dortoir glacé au milieu d’autres camarades. Pour couronner le tout, elle a ses règles. Elle a peur de ce qui lui arrive et elle n’a personne à qui le dire. Au matin, une sœur la prend en charge et l’installe dans un box à rideaux. Elle lui donne des serviettes hygiéniques. Soudain, derrière le rideau, une autre pensionnaire fait son apparition. Il s’agit de Marie-Colombe, dont les manières cavalières épatent Thérèse. En effet, ses pitreries et son impertinence envers la sœur la fait bien rigoler. C'est ainsi qu'elles font connaissance. Thérèse apprend entre autre l'origine familiale de Marie-Colombe, une fille de Neuilly issue d’un milieu aisé. Sa famille la considère comme le vilain petit canard de service ; le pensionnat chez les sœurs s’avère être la « punition » idéale pour la remettre sur le droit chemin. Thérèse, quant à elle, lui explique comment sont ses parents : un père paysan qui picole et bat sa femme…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette histoire pleine d’humour se nourrit d’authentiques moments inspirés du vécu personnel de son auteur, Florence Cestac. Le personnage central de Thérèse lui ressemble certainement beaucoup et au travers d’elle, c’est tout un univers de pensionnats féminins et de bondieuseries que l’on décortique. Le contexte de l’époque, pré-soixante-huitard, prend toute sa mesure à la lecture. Le dessin en noir et blanc se complète d'une troisième teinte sanguine en bichromie, pour un aspect sépia doublement destiné à accorder une touche désuette et accentuer l'austérité d'une vie chez le sœurs. Cestac insiste aussi sur le contraste culturel entre le modèle social dont est issue Thérèse et celui de son amie Marie-Colombe. Le monde rural des sixties face à la haute bourgeoisie parisienne. Cette fracture sociale s'est aujourd’hui bien atténuée, mais elle pouvait être énorme à l’époque. La cerise sur le gâteau, c’est évidemment que tout cela se déroule en bousculant violemment des mœurs un brin archaïques. Ce qui intéresse Cestac avant tout, c'est ce contexte sensible de prémices à la révolution sociale qui explosera en mai 68. Cet album drôle cerne donc une époque révolue, mais certaines situations refont étonnamment surface dans notre société actuelle souvent chamboulée par ses vieux démons.