L'histoire :
Ce jour là, dans cette cité HLM de l’est parisien, Mam’s vient de chourer une énième pompe sur un présentoir. Les pompes, Mam’s, il en est raide guedin (dingue) et ses yeux ne brillent plus que dans l’idée de dénicher le pied gauche. Il croise Chris, qui passe d’ordinaire le plus clair de son temps à jouer au foot, et Yanis, le plus démerdard de la bande. Tous trois reçoivent pour mission du frère de Yanis, de réceptionner une tire, une Golf GTI, achetée d’occaze auprès d’un dénommé Bourgouin, employé à la mairie. Ils embarquent un 4e larron, Thierry, et en profiteront au retour pour déposer une copine à la gare, Stéphanie, une meuf que Chris kiffe sévère. Ils ignorent alors que Bourgouin vient de graver un mystérieux CD-Rom avant de partir, dans un stress maxi pour ne pas être suspecté par ses supérieurs. Mais que contient ce CD ? Pour donner le change, Bourgoin a noté dessus « 113 », du nom d’un groupe de rap du quartier… Et comme il était sur le point de se faire pécho, il a abandonné le CD dans le vide-poche de la Golf. Evidemment, les 4 potes font louper le train à Stéphanie… Ils sont désormais obligés d’aller à Châtenay en caisse. Cela ne les empêche pas de faire un petit crochet par le stade de Créteil, qui reçoit l’OM ce soir ! Ou encore d’écouter ce CD de 113 qui se trouve justement dans le vide-poches…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ghetto poursuite est la première BD écrite par Rim’K, leader du groupe de rap 113, récompensé par deux victoires de la musique en 2000. Par le biais de cette BD, le rappeur n’offre peut-être pas un discours très nouveau sur les cités, ou très différent de celui de ses morceaux, mais il élargit assurément le panel de son public. Classique dans ses ressorts, le synopsis fait en effet le tour du décorum des cités, dont le rappeur nourrit ses morceaux : la choure, le foot, la console, le rap, la nique aux flics, la violence et le désœuvrement. Il s’agit d’une course-poursuite subie par une fine équipe de 5 potes, très attachants, à bord d’une Golf GTI, au train desquels s’amalgament plusieurs types de poursuivants (mafia, flics, gitans). Tout ça pour un mystérieux CD-rom qui contient… qui contient… de fracassantes révélations (et toc). Avouons juste que le fond de cette aventure colle incroyablement à l’actualité. En ouverture et en final du périple, le rappeur se met également en scène, mais il ne fait qu’une légère figuration. Cette traque infernale est remarquablement rythmée et mise en images, car elle bénéficie du concours de deux pros, à savoir Régis Hautière et Walther Taborda. Le premier parvient à trouver le juste milieu entre action et humour, ainsi qu’un compromis dans les dialogues, caractéristiques du « langage djeunz » des cités tout en restant compréhensibles pour les autres. Le dessin semi-réaliste efficace du second, assez sombre et fortement encré, n’hésite pas à déverser de grosses masses d’encre de Chine. Il est juste rehaussé d’une colorisation terne idoine, quasi-bichromique dans les teintes gris-beige, par le studio amiénois 2HB (lui aussi implanté dans une cité). Une bonne surprise, qui moove sévère !