L'histoire :
L'audacieuse et secrète Stéphanie St. Clair, dite Queenie, continue de régner sur tout Harlem grâce à la loterie clandestine dont elle est la tête pensante. Qui plus est, cette loterie hors-la-loi offre aussi l'espoir d'une vie meilleure à la communauté de ce quartier pauvre, mis au ban de la société. Femme et noire, Queenie fait grincer des dents la police locale mais aussi un certain Dutch Schultz, alias « le hollandais ». En effet, ce mafieux blanc compte bien mettre tout en œuvre pour s'emparer du business florissant de la reine de Harlem. À ce titre, il n'hésite pas à abattre les sbires de sa rivale et semer la terreur dans la ville. Mais il en faut plus pour déstabiliser Queenie. Ainsi, « la Frenchy » élabore sa contre-attaque en suivant son instinct, comme elle l'a toujours fait depuis qu'elle a brisé les chaînes de son asservissement, là-bas, dans les champs de canne à sucre antillais. De plus, sa tribune hebdomadaire dans le Amsterdam News, dans laquelle elle dénonce les exactions des autorités, commence à agacer au plus haut lieu. Agacer ou à faire peur ? Car comme la femme d'affaires le dit elle-même, le plus grand atout d'une femme, est d'être qui elle est, parce que personne ne pense qu'elle en aura assez dans la culotte pour arriver à ses fins. Cela la rend imprévisible, incontrôlable... et dans le fond, ça effraie. Mais il semblerait que le passé de Stéphanie St. Clair soit encore plus sombre qu'on ne l'imaginait...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le plus dur quand on est au sommet, c’est de pouvoir y rester ! Ainsi, après avoir mis en place l’irrésistible ascension de Queenie au sein de Harlem via les loteries clandestines, cette dernière doit aussi faire face aux autorités ainsi qu’à la pègre locale, représentée par le terrible Dutch Schultz. Mikaël développe son récit autour de la guerre que se mènent le hollandais et Queenie dans les rues de Harlem, tout en laissant entrevoir le combat d’une femme noire pour elle et sa communauté dans une Amérique raciste. Pour ce faire, l’auteur a pris le parti de faire de Harlem un personnage à part entière, tant les ambiances de ce quartier pauvre sont prégnantes. Qui plus est, tout comme le premier tome, une attention particulière a été apportée aux détails pour bien retranscrire les années 1930 du temps de la prohibition. De fait, on sent qu’il y a eu pas mal de recherches dans les dessins pour coller à la réalité historique. De plus, le fait d’utiliser des couleurs qui tirent vers le sépia permet de renforcer patine vintage de l’ensemble. Bien joué ! Au final, ce second tome 2 de Harlem clôt avec brio l’histoire mise en place par Mikaël sur le Harlem du temps de la prohibition. Mais au-delà de raconter un simple récit sur les bas-fonds des États-Unis, l’auteur a aussi pris le temps de mettre en exergue le féminisme et l’engagement de Queenie pour sa communauté au fil de son histoire et délivre ainsi une œuvre plutôt intéressante.
