L'histoire :
Quatre personnes au concert ; seulement son bon copain resté jusqu’au final pour l’applaudir… Il faut se faire une raison : à peine commencée, sa carrière de soliste au piano est finie. Alors certes, le choc est immense, les analphabètes de la partition lui ont toujours donné la nausée, mais il va devoir se résoudre à donner des leçons de piano. Sa première « cliente » est une dame un peu timide et pourquoi pas complètement coincée, mais c’est une amoureuse de Chopin. Pas de bol : notre prof à une sainte horreur du compositeur polonais. Pas d’autre solution alors que de proposer à sa nouvelle élève de travailler avec une rigueur incomparable le silence toute la semaine durant. Son deuxième pianiste amateur penche plutôt du coté de Mozart. Et là, ça tombe bien, car l’enseignant en pince aussi pour l’autrichien. Le hic viendrait plutôt de l’interprétation choisie par l’élève : une adaptation tenant compte des monomanies de son épouse récemment décédée… L’ancien soliste n’est pourtant qu’au début de ses surprises, car il lui reste à rencontrer un gentil gamin prêt à prendre des leçons de musique… mais de trompette et surtout pas de piano.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sortant du registre charentaises-béret qui a fait son succès (Les Bidochons), Christian Binet s’offre une nouvelle partition. Rien de mieux pour cet amateur de musique qui taquine lui-même solfège, instrument et compo perso que faire rimer deux de ses passions au son de cette nouvelle série. L’angle choisi est évidemment à nouveau l’humour, la douce caricature qui fleure le vécu et la palette de protagonistes gratinés juste ce qu’il faut pour donner le tempo. Le prof de piano (ancien soliste sans succès) joue les chefs d’orchestre de ce petit concerto, en occupant pratiquement le centre de chacune des saynètes (2/3 planches). Se démènent alors autour de lui, régulièrement, quelques élèves avec chacun leur particularité : l’une est une fanatique coincée de Chopin ; un autre ne se remet pas du décès de sa femme (de son chien, de son poisson rouge…) ; un autre encore aurait préféré étudier la trompette…On retrouve, ainsi chacun d’eux à intervalles réguliers, pour user de la thématique récurrente gaguesque qui leur a été attribuée. La méthode a l’avantage de nous fidéliser avec une certaine attache aux personnages, mais reconnaissons qu’on atteint assez rapidement les limites de l’exercice. Pas sûr qu’en poursuivant de la sorte, la source humoristique ne se tarisse un peu. Mais si ça gagouille plus que ça n’extirpe une franche rigolade, l’esprit est bien là : le verbe savoureux, le jeu du décalage et la tendresse avant tout. Pas d’excès de folie du coté des pinceaux non plus, mais le trait éminemment reconnaissable et parfaitement adapté. Un début de série que ne renierons pas les amateurs de l’univers délayé à travers ses publications par Christian Binet, mais qui aura peut-être du mal à se renouveler.