L'histoire :
L'inspectrice adjointe Merkel est convoquée sur un chantier en périphérie de Barcelone où un corps a été retrouvé. Sur place, elle retrouve l'agent Garcia, qui la conduit jusqu'au corps. L'inspectrice ne voit que deux pieds qui dépassent du sol. Le reste du corps est coulé dans le béton frais. Elle ne voit donc pas son visage, mais distingue sur le mollet du défunt des tatouages clairement néonazis. Il reste à déterminer qui est exactement cette personne, les causes de sa mort et comment il s'est retrouvé ici. Garcia est l'agent qui a trouvé le corps. Il suivait une piste et il pense que la victime pourrait être impliquée dans la mort de Violeta Bellecour. L'inspectrice n'en a que faire, elle voudrait savoir s'il existe des témoins oculaires de la scène. Garcia lui annonce la bonne et la mauvaise nouvelle : il existe bien un témoin... c'est encore Eva Rojas. Celle-ci est d'ailleurs assise tout près et attend sagement l'inspectrice, qui n'est pas spécialement ravie de la voir. Eva salue avec beaucoup d'emphase l'inspectrice et la rassure. C'est une histoire toute simple. L'inspectrice se frappe le front de la main. Elle sait qu'avec Eva, rien n'est jamais simple...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec Je suis leur silence, Jordi Lafebre s'est essayé à un nouveau genre : le polar. Au cour de la première enquête, le lecteur découvrait une histoire complète, laissant toutefois une fin suffisamment ouverte pour que nous puissions retrouver le personnage central d'Eva dans d'autres aventures. Effectivement, l'auteur a fait le choix d'écrire une nouvelle histoire, toujours sous la forme du polar, où nous retrouvons Eva, quelques autres personnages désormais bien connus, mais aussi des nouveaux protagonistes. L'album s'ouvre sur une scène étonnante et macabre : un corps est retrouvé à moitié enfoui dans le béton. Tout laisse supposer qu'il s'agit d'un néonazi. La seule témoin oculaire de cette scène, c'est Eva, au grand désarroi de l'inspectrice. Elle accepte de raconter ce qu'elle a vu, à une condition : qu'elle puisse le faire devant son psy. C'est le point de départ pour le lecteur pour replonger dans les aventures loufoques et dangereuses d'Eva, qui est toujours accompagnée par trois voix dans sa tête qui représentent les femmes de sa famille. Jordi Lafebre propose une ambiance un poil plus sombre que le premier tome, mais avec un humour et un sarcasme qui permettent de passer un bon moment. Il aborde différents sujets, notamment celui de la santé mentale, sans en faire quelque chose de plombant. Au contraire, en l'intégrant à une enquête, à un quotidien, avec respect et tendresse. Eva est incontrôlable, authentique, et Jordi Lafebre réussit par son écriture et son dessin, à lui accorder impertinence et liberté. Cette histoire peut se lire de manière indépendante (d'ailleurs pour ce second volume, il n'y a aucune tomaison), avec un dessin expressif et maîtrisé, qui nous plonge dans l'ambiance sombre et moite de Barcelone.