L'histoire :
Un homme en guenilles, épuisé par les évènements qu’il vient de subir, s’extirpe des entrailles de la terre, à travers d’interminables galeries. Dans sa main, il sert trois pièces dorées, sur lesquelles est inscrit le chiffre huit. Au terme de sa progression, il aperçoit enfin le soleil… le « vrai » soleil ! Aveuglé, il s’effondre et reste inerte, les yeux carbonisés par ce qu’il n’avait jamais vu. Sa dépouille est ainsi découverte par 2 officiers anglais, qui s’empressent de récupérer les pièces, sans se douter un seul instant de leur dangerosité. Ils sont alors trop occupés à faire leur rapport à l’amiral Cooper, suite à leur victoire contre une baroque tribu de cannibales, alliés de « la fraternité » des Caraïbes (les corsaires au service des français). En raison de son récent trépas, Cooper n’est pourtant plus qu’un phonolithe (un gramophone !), ce qui ne le gène nullement pour exulter (c’est ainsi, ne cherchez pas à comprendre…). A l’annonce de cette nouvelle, Cooper s’empresse d’annoncer la victoire à son adversaire, Lorne, flibustier membre du célèbre Davy James Locker à la solde des français, également mort et emprisonné dans un phonolithe…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Vous l’aurez compris à la lecture de ce résumé : contrairement aux apparences, Kaarib n’a strictement rien à voir avec une aventure maritime au temps des flibustiers. En tournant la dernière page, vous vous demandez si vous étiez bien en train de lire une BD. En trame centrale, l’allégorie de la caverne de Platon est un prétexte pour excuser la plupart des évènements insensés et baroques de l’histoire. Tout est possible puisque la réalité que vous percevez n’est pas la réalité. Partant de là, les desseins de cette série sont sans doute intelligents mais demeurent terriblement confus. En résulte un mélange ardu d’aventure, de philosophie, de mysticisme et… de science-fiction (2001, l'Odyssée de l'espace) ! Cet « essai » philosophico-mystique prend pour prétexte la lutte franco-britannique pour le contrôle des caraïbes (« Kaarib » en créole). Dans le scénario de Jean-Paul Krassinsky, tout est symbolique. Les morts ne sont pas vraiment morts, les objets peuvent être vivants, les évènements s’enchaînent sans aucun rythme, aucune logique… Même les encrages de David Calvo sont réalisés rapidement alors que ses cadrages et ses crayonnés de départ prouvent un grand savoir-faire (lire le cahier spécial du premier tome). Bref, les auteurs font preuve d’un réel potentiel, mais ce dernier est ici employé de manière particulièrement absconse. A priori, ce 3e volume clos un cycle. Mais allez savoir… rien n’est impossible.