L'histoire :
Alors que la guerre est terminée depuis plus de deux ans, Leslie Toliver survole la frontière qui mène en Palestine, accompagné de Stuart, à bord d'un avion chargé d'armes. Mais des troupes arabes parviennent à toucher l'aile de l'avion d'un tir de roquette, et l'atterrissage forcé expose les deux compagnons à un danger de mort. Sous l’œil indifférent des militaires britanniques, un échange de tir a lieu entre les troupes arabes et un groupe paramilitaire juif. Car l'état d'Israël n'existe pas encore, et ce sont des mois d'affrontement cruels entre les deux peuples qui aspirent à vivre sur la même terre. La résolution 181 de l'ONU a acté en 1947 la création de deux états en lieu et place de l'ancien mandat colonial, mais la réalité est celle d'une forme de guerre civile entre juifs et arabes. Juste après la fin du Reich, des chefs d'état arabes influents se sont en effet déclarés violemment opposés à l'accession des juifs à une terre pour vivre, notamment le roi d'Arabie Saoudite ou la grand mufti de Jérusalem. Des discours de haine aussi violents que les slogans du troisième Reich ont alimenté les oppositions, et transformé les oppositions en une véritable guerre. Sur place, ils retrouvent Safaya, directement impliquée dans les combats, qui va leur demander de l'aide. Un dernier combat pour le membre des brigades juives, au cœur d'un conflit armé qui ne fait que commencer...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La tournure de ce troisième tome de la Brigade Juive marque un changement de ton de la part du scénariste Marvano, qui décrit sans complaisance mais aussi sans précautions les tensions guerrières qui ont présidé à la création de l'état d'Israël juste après la seconde guerre mondiale. La résolution des Nations Unies qui proclame la partition de l'ancienne Palestine est au cœur de ce récit, tout comme les réactions guerrières de nombreux pays arabes qui veulent empêcher la matérialisation de l'état juif. L'auteur ne s'encombre pas de précautions et décrit les réactions arabes comme une véritable continuation de la politique d'extermination du troisième Reich. En se plongeant dans les horreurs commises par des brigades palestiniennes ou transjordaniennes, il adopte un parti-pris radical, qu'il partage avec le lecteur comme une révélation ou une conviction trop forte pour être tue. La dynamique narrative s'en ressent, emportée par la force de cet axe historiquement très marqué, sans aucune précaution de langage lorsqu'il oppose les « chameliers » aux brigades juives. La mise en scène des dernières aventures de Toliver est néanmoins réussie, la légèreté et la précision du dessin de l'auteur belge faisant leur effet. Marvano possède un trait d'une très grande maturité, construit et affiné avec l'expérience, qui lui permet une lisibilité remarquable. Mais après deux premiers tomes instructifs et souvent émouvants, la clôture du triptyque manque de subtilité et cherche trop, visiblement, à frapper les esprits.
