L'histoire :
Louise Amman est née le 23 janvier 1881 à Milan, d'une famille immensément riche. Héritière de la plus grosse fortune d'Europe à quinze ans, c'est une comtesse pour qui le dessin n'est qu'un passe-temps. Sa vocation, le but qu'elle s'est fixée depuis sa tendre enfance, c'est de devenir une œuvre d'art ! Vite mariée au Marquis Camillo Casati, elle n'aura de cesse d'attirer toutes les attentions à elle, fréquentant de la plus intime façon qu'il soit les plus grands artistes de toute l'Europe. Muse de tout ce que l'élite intellectuelle comptait parmi les écrivains, peintres ou photographes, elle dédiait à chaque jour la tâche de construire, puis entretenir sa légende, de la plus sulfureuse des façons...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si Lady Gaga est aujourd'hui le symbole de la célébrité et de l’excentricité associées à l'artiste, elle n'a rien inventé, à en croire cette biographie romancée. Car si La Casati vivait encore, elle serait à n'en pas douter le manager idéal pour l'allemande platine aux tenues improbables ! Pensez donc aux Années Folles et imaginez « La femme des Années 20 » se pavanant la nuit, nue sous un manteau de fourrure, dans les rues d'une Venise stupéfaite, accompagnée d'un guépard tenu en laisse par son domestique de couleur, à la peau teintée d'un enduit pailleté... Une femme aux cheveux d'un orange flamboyant. Une femme au regard sombre et illuminé à la fois, accentué par la noirceur de fines bandes de velours apposées sous les yeux... Une femme qui porterait les tenues signées des plus grands couturiers, qui arborerait un collier de perles traînant jusqu'aux pieds et qui confierait, d'un ton détaché, qu'il mesure sept mètres... C'était ça, La Casati, une créature qu'on imagine grâce à cet album, comme subjuguante. Avant même que le mot n'existe, elle avait tout compris du « buzz ». Ce récit la décrit comme une avant-gardiste, dont le comportement provocateur rompait complètement les codes sociaux de l'élite à laquelle elle appartenait de fait, depuis sa naissance... Ce qui ne l’empêcha pas de finir misérable, mais jamais dans la plainte. Vanna Vinci signe ici un portrait aussi incroyable que la vie de son modèle. Ses brillantes illustrations sont au service de ce voyage dans le temps et dans les mœurs, livré comme un témoignage qui met aussi à contribution les proches de Luisa Amman. Ainsi, la parole est donnée à ses parents, son noble mari, ses amants, les artistes, qui prennent à témoin le lecteur des nombreux de leurs déboires, dont elle fut la cause. On achève la lecture avec une certitude : on n'oubliera ni La Casati, ni ce très bel album qui lui est consacré.