L'histoire :
En 1965 à Montefiorino (Italie), Aristofane, Dina, Raffaela, Piero et Sandro, cinq amis révoltés par les injustices sociales, fondent La Mano, un groupuscule activiste révolutionnaire. D’abord potaches, les actions se radicalisent sous l’impulsion d’Aristo et font éclater le groupe. Au moins pour un temps… Sandro se consacre alors pleinement à ses études de médecine. Raffaela, quant à elle, délaissée par Aristofane, retourne chez ses parents et épouse un homme violent. Dina et Piero, eux, se mettent en couple et partent pour Bologne. Puis les évènements tristes s’enchaînent et Raffaela perd son mari dans un accident (?). Sandro, qui pensait avoir le champ libre pour lui déclarer sa flamme, fait le triste constat de l’indélébile amour de Raffaela pour Aristo. Preuve lui en est irrémédiablement faite lorsqu’en apprenant le décès d’Aristofane dans l’explosion de son appartement, la jeune femme se précipite vers Bologne. Et elle disparaît sans laisser de traces… Ce qu’ignore alors Sandro, c’est qu’à son arrivée à Bologne, Raffaela s’est rendue chez Dina et Piero. Elle n’a alors pas tardé à y découvrir Aristofane, qui a organisé son décès accidentel pour passer dans la clandestinité. Et ainsi passer à l’échelon supérieur de l’activisme révolutionnaire. Aussi, décide t-il de partir avec Raffaela pour voyager en Europe et établir de nombreux contacts avec d’autres mouvements. Il récolte également des fonds en multipliant les petits braquages. Piero et Dina ont quant à eux la mission de recruter d’autres membres à Bologne pour étoffer leur groupuscule qui, désormais, a pris le nom de Pugno…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une nouvelle fois, le trait séduisant, au style bien marqué, d’Alberto Pagliaro se chargera de nous faire l’œillade. Colorisation, parure semi-réaliste, bordures de vignettes indécises ou cadrages photographiques alimentent ainsi judicieusement cet entrelacs nostalgique, dramatique et violent. Souvenez-vous, dans le premier tome, nous avions découvert cinq post-adolescents italiens, consommant leurs 20 ans du coté de Montefiorino dans l’activisme d’extrême gauche, les amours et la pop-rock sixties. Une main pour symbole et patronyme, des divergences de points de vue, des drames et des coups tordus avaient scellé leurs débuts. Et de fait, la première partie jouait habilement l’équilibre entre histoire de copains et docu-historique retraçant – à l’aide d’un prétexte fictif – les douloureuses « années de plomb ». Cette dernière partie use du même balancement. La voix-off confiée à Sandro – dont le chemin semble s’être radicalement écarté de celui de ses amis – poursuit le plongeon au cœur du dangereux jeu mis en place par Aristo. Faux semblants, radicalisation, clandestinité, délinquance, terrorisme aux retombées irréversibles ou trahison décrivent alors assez généreusement les mécanismes de l’activisme révolutionnaire (et ses bidouilles et manipulations). Un témoignage esquissé comme un véritable marqueur de l’Histoire contemporaine italienne en particulier. De l’autre côté, l’histoire d’amitié, ses drames, ses souffrances et ses aléas sert agréablement le propos pour éviter la bascule totale dans le docu-historique-fiction. On pourra cependant regretter que ce deuxième argument scénaristique manque un peu de relief, cette fois. Et que la force du potentiel romanesque reste sous-exploitée, pour une attache aux personnages finalement en demi teinte. Est-ce parce que la trilogie initialement prévue a du être abrégée ? Quoi qu’il en soit, il s’agit là d’un beau projet sur une thématique historique originale et bien documentée.