L'histoire :
Le capitaine pirate Sylla et son équipage prennent possession d'un navire battant pavillon anglais après une bataille navale homérique sur les mers des Bahamas à l'aube du XVIIIème siècle. Plutôt que de massacrer l'équipage adverse, le capitaine Sylla s'érige en véritable chevalier pirate en proposant aux marins britanniques de rejoindre sa flotte dans le but d'y défendre ses principes de liberté, de fraternité et de démocratie. Après avoir rallié les mutins, le capitaine Sylla confie ce navire capturé à Olivier de Vannes, son quartier-maître affublé désormais, lui aussi, du titre de capitaine de la frégate conquise. Avec l'aide d'un équipage désigné par Sylla et qui n'est donc pas totalement voué à sa cause, l'heureux élu ne tardera pas à mettre ses qualités de pirate à l'épreuve en s'emparant, à son tour, d'une frégate battant pavillon portugais. Aux allures de bateau abandonné, ce navire rassemble un équipage d'esclaves noirs complétement subjugués par la beauté et la puissance d'une reine aussi sensuelle que mystérieuse. La reine Maryam règne en effet sans partage sur son embarcation. Sa beauté ne parvient pas à hypnotiser sa détermination à demeurer dominante et conquérante. Jusqu'au bout, il est bien difficile de savoir qui sortira gagnant de cette insolite aventure...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La République du Crâne offre une image inédite des pirates. A tel point que chaque passage du récit démonte toutes les croyances populaires qui présentent ceux-ci d'ordinaire comme des êtres sanguinaires, sans foi ni loi. La bande dessinée présente plusieurs versions de la piraterie en s'appuyant sur les récits tracés dans livre de bord d'un des principaux protagonistes du récit, Olivier de Vannes. Le duo Brugeas-Toulhoat (Ira Dei) s'est attelé à la confection de cette BD de 200 pages riches en rebondissements en tout genre. Si on reconnaît le dessin de Ronan Toulhoat, il est tout de même bien différent de celui d'Ira Dei. Les couleurs y sont moins vives et les traits semblent plus apurés. Dans les cases narratives, les couleurs pastels laissent apprécier les contours et les décors. Fort heureusement, cela n'altère en rien le dynamisme de l'histoire, puisque les scènes de combat sont notamment rehaussées d'un noir profond et percutant. Les visages et les expressions sont ainsi très lisibles. Le découpage des cases colle parfaitement aux scènes, tantôt d'actions, tantôt narratives. Le scénario de Vincent Brugeas est haletant et vous embarquera dans une histoire où il est difficile de cerner la véritable personnalité des protagonistes. On se demande sans cesse quand ils finiront par s'entretuer, tant leurs sensibilités s'opposent et flirtent, à de nombreuses reprises, vers un conflit qui semble de plus en plus inéluctable. Mais n'est-ce pas dans la différence et dans la variété que l'on peut se montrer complémentaires ? La République du Crâne est ainsi une bande dessinée de grande qualité, qui détricote toutes les croyances populaires de la piraterie. Les auteurs d'Ira Dei s'offrent ainsi une parenthèse dans laquelle ils semblent s'exprimer et s'éclater sans trop de tabous, en abordant un univers bien différent de celui dans lequel le duo a pour habitude de sévir. Le lecteur se laisse toutefois embarquer dans cette aventure avec beaucoup de plaisir.
