L'histoire :
Février 2035. Patrouillant dans l’océan indien, la 5e flotte militaire américaine est envoyée au large du détroit du Mozambique, suite à l’identification d’un mystérieux signal. Sur place, les militaires assistent à l’amerrissage violent d’une capsule spatiale, a priori un vieux module Apollo. Ils la repêchent in extremis et surprise : deux hommes en sortent vivants ! Au même moment, en Floride, l’astronaute Hélène Freeman apprend avec une cruelle déception que le programme de voyage de la NASA vers la planète Mars, pour lequel elle s’est préparée toute sa vie, est repoussé d’une bonne trentaine d’années. Cela ravit partiellement sa petite fille Sofia qui subit la passion dévorante et périlleuse de sa mère pour l’astronautique. Or, cette annonce est suivie d’une convocation immédiate en tant qu’experte en aéronautique… en route pour la 5e flotte. On lui explique les évènements récents et il lui est demandé d’interroger les survivants de la capsule, qui se sont présentés comme étant… Neil Armstrong et Buzz Aldrin ! Soit les premiers hommes à avoir marché sur la lune… 66 ans plus tôt. En état de choc, incohérents sur ce qui leur est arrivé, les deux hommes présentent une agressivité connue des psychiatres sous le nom de « complexe du Chimpanzé » : la faculté de comprendre la portée d’une expérience non maîtrisée. Une analyse approfondie du module Apollo prouve pourtant qu’il s’agit bien de celle envoyée sur la lune en juillet 69. Le lendemain de l’interrogatoire, les deux astronautes sont retrouvés morts, sans explication logique, comme momifiés. Des fonds sont alors débloqués en urgence pour une mission immédiate à la surface de l’astre lunaire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans la foulée de Blue space (avec Chris Lamquet), le scénariste Richard Marazano renoue définitivement avec sa passion pour l’astrophysique en débutant cette nouvelle série au synopsis absolument incroyable ! Qu’est-ce qui a bien pu se passer à la surface de la lune, en juillet 1969 ? Parallèlement à cette intrigue spatiale palpitante, Marazano s’intéresse aux rapports tourmentée entre l’héroïne et sa fille. Une manière comme une autre de focaliser sur les aléas d’un métier aussi dément que celui d’astronaute. Il faut en effet allier une performance physique et intellectuelle à un tempérament plutôt kamikaze… Dans ces conditions, le principe du « complexe du chimpanzé » explicité par ailleurs, prend tout son sens. Au fil du récit, Marazano nous alimente en rebondissements avec un rythme impeccable et beaucoup de savoir-faire, rendant cette mise en bouche très appétissante. La mort soudaine des « répliques » des deux astronautes, le départ pour la lune, les découvertes stupéfiantes à la surface de l’astre, la décision surprise finale… Les 54 planches de ce premier tome dépassent le cadre de la mise en bouche d’ordinaire réservée à ce type d’aventure. La préface de Xavier Dorison loue d’ailleurs (à raison) les nombreuses qualités de ce récit de genre assumé et absolument fascinant. En outre, Marazano est ici partenaire de Jean-Michel Ponzio, dessinateur ultra-réaliste (T’ien Kéou, Kybrilon), spécialiste d’illustrations de SF (notamment chez J’ai Lu). Ponzio livre un dessin très encré, proche de la photo ou encore du travail de Christophe Bec. En référence à ce dernier auteur, on pense notamment à Zéro absolu, scénarisé par un certain… Richard Marazano.