L'histoire :
France, 2011. Une équipe vêtue en bleu pénètre sur le terrain. Parmi les joueurs, un dénommé U. Abega, portant le numéro 8. Quelques mois plus tôt, au Cameroun, Urbain joue au foot avec ses potes sur un terrain en terre. Il reçoit un ballon aérien. Amorti de la poitrine, demi-volée et but. Un étrange individu filme le match, il s’appelle Jean-Marc. À la fin de la partie, il vient à la rencontre d’Urbain (18 ans) et de son pote Ahmadou Kotto (16 ans). Il est agent sportif pour la FIFA. Dans le milieu du foot, Jean-Marc est surnommé Boss. Il leur propose de discuter autour d’un verre chez sa logeuse, Magda, qui n’est autre que la tante d’Urbain. Depuis quatre mois, Jean-Marc parcourt le Cameroun. Il a observé des centaines de matchs, même ceux qui se jouent sur de modestes terrains vagues. Urbain et Ahmadou lui ont tapé dans l’œil. Il est convaincu de leurs talents. Jean-Marc se trompe rarement. Il a découvert Nwanko Kanu, El-Hadji Diouf, Emmanuel Adebayor qui évolue au Real de Madrid. Il leur propose de rallier l’Europe : leur rêve va devenir réalité. Il s’occupe de leur obtenir des visas de trois mois. Charge aux deux jeunes de réunir 6 000 Euros pour payer leur voyage et les frais annexes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les joueurs africains garnissent les effectifs des plus grands clubs européens. La plupart y gagnent des millions et font vivre leurs familles qui sont restées au pays. Certains jouent à l’échelon inférieur dans des petits clubs. D’autres n’ont pas eu cette chance et restent sur le carreau. Beaucoup d’appelés et peu d’élus. Après le très social Lip, Laurent Galandon et Damien Vidal reprennent leurs bâtons de pèlerins sociaux avec Le contrepied de Foé. Hasard du calendrier (ou pas), cet album sort juste avant le début de l’Euro en France. Que les non-fans de foot se rassurent : ici, le sport numéro 1, n’est qu’une toile de fond. Galandon aborde le thème de l’esclavage moderne avec des hommes qui plongent littéralement dans le miroir aux alouettes. Plus dure sera la chute pour ces jeunes. Le scénariste ne manque pas une occasion de dribbler les idées reçues et tacle aux oreilles les marchands de rêve. Le graphisme de Vidal, accompagné d’une colorisation intense, va droit au but : précis et efficace. Un album qui passe par toutes les émotions d’un bon match de foot : espoir, désespoir, joie et tristesse. Au coup de sifflet final, l’inattendu est de la partie. C’est le contrepied de Foé ! À noter au début, la magnifique préface de Daniel Picouly, amoureux de foot devant l’éternel… Garrincha.