L'histoire :
Singe orphelin adopté par un nouveau clan mené par « Nouvelle-mère », « Sans-Voix » ne rêve que du jour où il pourra prouver sa valeur. Et ce jour pourrait bien arriver plus tôt que prévu, car le clan a repéré un « longue-queue », un vieil alligator blessé qui cherche désespérément un point d’eau. Voyant en l’animal une proie et une occasion de se nourrir, les singes décident de le suivre avec patience et méthode. Toutefois, le clan n’est pas le seul à cibler le vieux « longue-queue ». Un groupe de « mâchoires-brunes » est également sur sa piste. Après avoir suivi l’animal un bon moment, les singes le voient dépasser les limites qu’ils se sont données et franchir les terres de l’ancienne peur… Après quelques hésitations, le clan décide tout de même de prendre le risque de poursuivre la traque. Alors que les mâchoires-brunes préfèrent renoncer, le clan de Sans-Voix passe à l’attaque ! Pendant que les plus jeunes se lancent à l’assaut de l’animal, Sans-voix reste à distance, comme paralysé. Mais à partir du moment où l’alligator fait ses premières victimes, le singe voit une opportunité d’agir. Avec vitesse et précision, Sans-Voix s’élance, bondit vers l’œil de la bête et plante profondément son bâton dans la pupille de l’animal.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce one-shot, Fabien Vehlmann prouve une nouvelle fois qu’il est un génie de la narration. Découpé en quatre chapitres et un épilogue, ce récit de 112 pages parle de survie et de résilience et il est aussi beau que violent. Chaque chapitre a la particularité de centrer le récit sur un personnage différent de l’intrigue. Ainsi le premier parle de « Sans-Voix », le singe qui tente de survivre avec son peuple adoptif et deviendra celui qu’on nomme le « Dieu-Fauve ». Le second récit est centré sur un poète d’un peuple banni qui va profiter d’une catastrophe naturelle pour tenter de revenir en grâce. Sans en dévoiler de trop, cet album est tout bonnement excellent de par son originalité de narration, comme par sa puissance, mais aussi sa dimension finalement très actuelle. Pour mettre en images et en couleurs cette œuvre magistrale, le scénariste s'appuie sur les talents de Roger (Ibanez). Dans un style réaliste très détaillé, le dessinateur livre un découpage dynamique qui ne masque rien de la violence et de la cruauté des événements. Les couleurs sont elle-aussi très impactantes et collent parfaitement au ton des événements, lumineux ou sombres, et à la nature hostile. Bref, le duo offre un formidable album qui plaira tout autant qu’il marquera le lecteur !