L'histoire :
Un tueur en série appelé « l’équarisseur » sévit dans Londres, développée autour de l’énergie vapeur. Ses victimes sont retrouvées écorchées, décapitées ou exposées en suspension à plusieurs dizaines mètres au dessus du sol. A chaque fois, un odieux chantage est soumis à la ville par message interposé. Londres doit payer 500 000 livres si elle veut éviter de nouvelles victimes. Les autorités de police pataugent allègrement… C’est alors qu’un journaliste du Thames Chronicles a une idée brillante : faire appel à un guide, John Coleridge, héros malgré lui d’un reportage photo en Afrique. Littéralement pêché par un zeppelin en pleine savane, Coleridge est mis au parfum de sa nouvelle mission. De retour à Londres après 20 ans d’exil, il retrouve sa résidence familiale et se met immédiatement au travail. Aidé dans sa tâche par Harriet Butten, une aliéniste moderne et courageuse qui n’a pas sa langue dans sa poche, il provoque l’équarisseur par voie de presse…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’ombre de Jack l’éventreur plane sur cette histoire à mi-chemin entre policier et « steampunk », un genre qui exploite un passé tel qu’il n’a pas été (souvent articulé autour d’une énergie vapeur ayant perduré). Mis en place par Erik Juszezak (Oki), à l’origine dessinateur, le scénario est assez jubilatoire. La traque du tueur sanguinaire est peu à peu occultée par celle du détective à qui « on ne la fait pas ». Prévue pour couvrir 2 tomes, l’enquête que doit orchestrer Coleridge tient le lecteur en haleine, d’autant plus qu’un sombre complot dont on ignore encore tout semble devoir venir compliquer les choses. Pour ne rien gâcher, les dialogues sonnent juste, du ton sarcastique de l’héroïne au pragmatisme cynique du héros. Antonio Parras – le dessinateur des 6 premiers (et meilleurs !) Lièvre de mars – insère admirablement l’intrigue dans un décor londonien début XXe. L’ambiance angoissante est renforcée par la colorisation aux tendances glauques, réalisée conjointement par Parras et Jocelyne Charrance. Bref, une bonne surprise qui fait la démonstration du talent de deux auteurs trop peu reconnus.