L'histoire :
Hugo Clément est journaliste et spécialiste de l’environnement, que ce soit à la télévision ou sur les réseaux. Dans Le Paradoxe de l’abondance, il se met en scène pour expliquer l’histoire de l’agriculture pour en arriver aux absurdités de l’agriculture intensive que l’on connait aujourd’hui et qui est responsable en grande partie de la détérioration du climat. Ainsi, ce livre est une alternance entre rencontres avec des scientifiques et des paysans, et un cours d’histoire du monde agricole à travers les siècles. Au-delà des constats, le journaliste pointe du doigt l’inaction des politiques, dénonce le greenwashing des grands groupes, mais il va également à la rencontre d’acteurs luttant contre l’industrie agro-alimentaire pour mettre en avant des solutions.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le marché de la bande dessinée continue de se diversifier avec des récits documentaires et des adaptations de reportages ou des enquêtes. La thématique du climat prenant une part importante dans les sujets d’actualité, il est naturel qu’elle imprègne ce média plus facile d’accès. C’est d’ailleurs le but du journaliste Hugo Clément, sorte d’influenceur climat, de se servir de sa notoriété pour attirer un nouveau public et le sensibiliser à ce sujet de l’agriculture. Epaulé par l’écrivain et scénariste Vincent Ravalec (Cantique de la racaille) Clément adapte son format de reportage didactique qu’il peut faire sur le service public comme dans Sur le Front, croqué ici par le dessinateur Dominique Mermoux. Si cet ouvrage n’apprend pas grand-chose à qui s’intéresse au sujet, il a le mérite de fournir des piqûres de rappel sur l’urgence et l’absurdité de notre système de production alimentaire. Ainsi est évoqué de nouveau le scandale des algues vertes (dont on conseille l’enquête de Inès Léraud et Pierre Van Hove), la concurrence déloyale des grosses industries face aux agriculteurs bio ou encore de véritables scandales sanitaires comme la pollution de l’eau courante, le tout de façon pédagogique en s’appuyant sur des expériences édifiantes. En abordant de nombreux sujets, Le Paradoxe de l’abondance s’adresse à un public néophyte mais, on l’espère, incite à pousser vers des ouvrages plus denses comme le récent On a mangé la mer de Maxime de Lisle et Olivier Martin sur la destruction des fonds marins par la pêche intensive ou Tropiques toxiques de Jessica Oublié sur le scandale du chlordécone aux Antilles. Même si cet ouvrage est agréable à lire car très clair et bien dessiné à l’aquarelle par Mermoux, on peut regretter le manque d’humour ou d’angle décalé qui ont fait le succès par exemple du Monde sans fin de Jancovici et Blain. Néanmoins, Le Paradoxe de l’abondance reste une bande dessinée instructive et surtout optimiste.