L'histoire :
Au cœur des années 1930, à Paris, une femme du nom de Marie Baron est retrouvée sans vie dans son appartement. La défunte aurait été la victime d’une dose létale de morphine. Quelques jours après le drame, un navire répondant au nom de Polarlys quitte le port de Hambourg en direction des côtes norvégiennes. A son bord, en sus du personnel, se trouve le capitaine Peterson, qui commande le Polarlys. Suite à un concours de circonstances, il est persuadé d’avoir à bord de son vaisseau le meurtrier de Marie. Tous les indices désignent un passager nommé Eriksen, un homme dont seuls les bagages donnent signe de vie. Le criminel est introuvable et un autre cadavre est à déplorer : l’officier de police Von Sternberg. La tension est grandissante et les apparences sont extrêmement trompeuses. Tous les passagers sont-ils ceux qu’ils prétendent être ? Pourquoi Marie a-t-elle été tuée ? Mais surtout pourquoi le Polarlys ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sur le papier, cette idée d’adaptation d’un roman « dur » (sans l’inspecteur Maigret) de Simenon est excellente. José-Louis Bocquet et Christian Cailleaux ont réussi chacun de leur côté à s’illustrer dernièrement : un Blake et Mortimer pour Cailleaux, des biographies féminines chez Casterman pour Bocquet. Pour autant, malgré toutes ses qualités, Le passager du Polarlys manque le coche du chef d’œuvre. En cause, le format imposé, plus que le talent des deux artistes. Avec son ambiance de polar sombre et schizophrène dans sa construction (qui n’est pas sans rappeler Agatha Christie), les différentes péripéties et embranchement scénaristique passent vite et ne laisse pas trop le temps au lecteur de se positionner dans la résolution de l’enquête. Toutefois les différents twists apparaissant au fil du récit ne sont pas gâchés par l’accélération du rythme. Côté graphisme, Christian Cailleaux confirme son talent de dessinateur franco-belge classique avec une ligne claire simple, des couleurs sombres et mornes apportant au récit une dimension désespérée et mystérieuse des plus convaincantes. Le mystère est alors soutenu grâce à sa partie graphique qui nous plonge dans un brouillard de fausses pistes et de fausses promesses quant au dénouement de l’histoire. Cette très bonne adaptation pourrait également fonctionner en diptyque avec le récent Simenon l’ostrogoth dans lequel les motivations et inspirations de l’écrivain français sont dévoilées. Première pierre posée à un début de série sobrement intitulée « Simenon et les romans durs », ce passager est un bon moment policier à passer entre les murs d’acier du Polarlys.