L'histoire :
Francis Blatte, 31 ans, chômeur, gratouilleux de guitares à ses heures et gros fumeur de bédos devant l’éternel, est donc un rasta blanc. Il marche peinard dans la rue lorsque soudain tombe du ciel devant lui une jeune femme masquée tout de cuir vêtue. Sa carte de resto U indique qu’elle s’appelle Paulette Stravinski, étudiante en sociologie. Francis la porte inconsciente jusque chez lui et l’alite, dénudée. Elle se réveille toute paniquée, hurle à la vue du chat, refuse de bouffer son œuf au tarama, se rhabille et se casse. Francis tente de la rattraper sur le palier : elle a oublié sa carte de resto U. Qu’à cela ne tienne, cette carte sera sa pantoufle de vair à lui, elle lui montre la voie : il faut qu’il trouve un job. Mais d’abord, il fume un bon gros bedo. Durant son trip, Francis papote avec le fantôme de Bob Marley, son idole, qui lui explique sa vie et lui inspire un putain de rif de guitare qui déchire. C’est ce moment que choisi sa guitare pour casser une corde… Francis cherche alors par tous les moyens à fredonner cet air sur un quelconque enregistreur, avant de l’oublier… et décide pour cela de se laisser un message sur son téléphone portable à partir d’une cabine téléphonique. Mais dehors, il pleut et la seule cabine qui fonctionne est squattée par une clocharde arménienne qui lui casse les bonbons…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La couverture et les premières pages nous laissent un instant espérer que Mathieu Sapin fléchit légèrement la courbure de son œuvre, jusqu’à présent volontairement absurde à tendance nigaude. Le décor urbain maussade et le cas social réaliste incarné par Francis Blatte, nous susurre donc de creuser la chose… mais la présence d’une super-héroïne sexy et masquée constitue un indice sur la teneur de la suite. Evidemment, paf, à la page 10 redébarque l’île exotique privée à la haute technicité improbable, le milliardaire usurpateur, les histoires de cœur-cul débiles, 15 coups de théâtres par bulle… et toutes les thématiques récurrentes chez Sapin. Et c’est reparti pour un tour virevoltant en grand n’importe quoi ! C’est bien simple, au première quart de l’album, on ne sait déjà plus où on en est. Et à vrai dire, si on accepte de parcourir l’album avec la même légèreté qu’il semble être réalisé, on s’en fout un peu. Tous ces protagonistes bigarrés influent les uns sur les autres, de la manière la plus improbable qui soit, en une comédie absurde, facile, quasi-régressive et très (très) légère, sur un dessin benêt et rapidement exécuté. Une petite nouveauté toutefois, plutôt sympa à défaut d’être pleinement fouillée : Sapin brode son histoire tarabiscotée et foutraque sur les titres d’une vingtaine de tubes additionnés de Bob Marley. A l’instar de ses personnages, il faut croire que Sapin alterne une ligne de scénario et une taffe de bédo…