L'histoire :
Steve est un ex-pêcheur professionnel qui s’est éloigné du circuit en venant faire le guide auprès d’une clientèle aisée dans la vallée de la Bidarche. Angie est une chercheuse en cosmétique qui a besoin de Steve pour dénicher des œufs de poissons, éléments indispensables à un une prochaine lotion de beauté. Suite à la manipulation malheureuse d’un levier dans un curieux camion garé à proximité du lieu de leurs recherches, les deux compagnons d’infortunes se retrouvent à quelques 67 millions d’années de notre ère, en pleine préhistoire. Le camion est cassé. Plus aucune possibilité de retour. Et la nature hostile avec ses grosses bébêtes limitent les espoirs de survie de notre improbable couple. Pourtant, Steve redouble rapidement d’imagination pour trouver nourriture, faire du feu et leur fabriquer un joli nid douillet. Chacun se livre alors. Et dans ce contexte sauvage, le courant commence à passer entre les deux rescapés. A 67 millions d’années de là, les propriétaires du fameux van – qui est en fait une machine spatio-temporelle – poursuivent l’activité pour laquelle ils ont voyagé : ramener dans le futur 2 ou 3 autochtones pour les forcer à travailler dans une usine agro-alimentaire. Mais à ce petit jeu, ce sont rapidement eux qui passent de chasseurs à proies : les habitants et la brigade de gardes-pèche (pas mal éméchée) de Turlignac- la-Valiotte ne veulent pas se laisser faire si facilement...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Belle idée, qui proposait par le truchement d’un double voyage spatio-temporel de propulser : à la préhistoire un couple que tout semblait opposer ; et de nos jours, un duo de voyageurs du futur (2172) venus recruter de la main d’œuvre bon marché (pour une usine high-tech spécialisée dans le jus de dinde). Jubilatoire, ensuite, qui offrait une galerie de personnages truculents, de noms « parfumés » ou de situations loufoques, en digne rejetons d’un univers à la Groland où le beauf côtoie le surréaliste et le parfaitement timbré. Et même si l’on mesurait bien vite, au regard du premier opus, que c’était bien plus ce joli petit grouillement que l’intrigue en elle-même qui faisait le sel de la série, on était bien impatient de retrouver cette joyeuse bande de gentils couillons. Toujours accompagné par un dessin faussement naïf et dédié au mouvement, on retrouve donc avec plaisir les « aventures » de nos 2 héros au mésozoïque et celles de leurs copains restés dans notre présent, pour une même propension à nous amuser sans prétention ni chichi. Intelligemment Antoine Perrot referme ici parfaitement la boucle de son diptyque, en empêchant à l’exercice le piège du grand n’importe quoi. Il offre ainsi une conclusion permettant au récit de retomber sur ses pattes, tout en proposant (pourquoi pas) une gentille morale ou un petit happy-end hollywoodien. Au-delà, il réussit sous prétexte d’une farce loufoque à mettre en place avec un certain brio une love story parfaitement bubble-gum et judicieusement saupoudrée d’un érotisme délicieusement latent. Et si c’était là, d’ailleurs, sa véritable intention (?). Bienvenue en tous cas dans ce second et dernier album pour un barbeuc’ au crétacé, une réparation avec roborateur chronospace, un ou deux voyages dans le temps et les prémices d’une révolte ouvrière à quelques 150 années de notre présent. C'est la luuuute primaaaale...