L'histoire :
Après avoir enterré Lucette, être allé récupérer – avec Mimile et Sophie (la petite fille de Lucette) – Antoine (le veuf de Lucette) en Italie, Pierrot est de retour à Paris. La boulangère l’énerve, il pleut, mais pourtant une sacrée surprise l’attend lorsqu’il rentre à son appartement : le colis que vient de lui laisser le facteur contient une belle quantité de billets pour une valeur totale de 200 000 euros. Mais surtout c’est la lettre qui l’accompagne qui le met rapidement sur le cul. Oh ! Pas la tête de mort à la pirate et pas le « Pour la cause ! » non plus. Mais plutôt la signature : Ann Bonny… Ce qu’il ne sait pas, c’est que le « cadeau » vient de Sophie (voir tome 1) et que sous prétexte d’anonymat, elle a utilisé pour signature le premier nom de femme-pirate que son moteur de recherche lui avait trouvé. Le « hic ! », c’est que pour Pierre ce nom signifie beaucoup. C’est le surnom de son seul amour de jeunesse, Anita, qu’il pensait morte depuis 1963. De quoi lui faire perdre toute sa raison…. Antoine, quant à lui, invité par Pierre pour une grosse manif’, se rend dans un bar du 11ème, pensant retrouver son vieux copain. Mais il est absent et il fait alors la connaissance de Baba, un des membres actifs de « Ni Yeux, Ni Maître », le mouvement dont Pierrot fait partie. Au menu, dans ce bar branché (mais trop bruyant) de la capitale, une occupation en bonne et due forme : un attentat gériatrique avec langues de chat, scrabble, infusion fenouil-réglisse et thé au jasmin…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Génial ! Cette deuxième fournée est aussi savoureuse que la première et toujours confiée – en particulier – à ce trio de papy un brin rock’n’roll, un brin anar’, un brin facilement énervés et complètement attachants. Wilfrid Lupano se – et nous – régale en utilisant une seconde fois la recette qui nous avait planté son gros hameçon pleines babines pour nous ferrer une première fois : un jeu de dialogues drôlissime, incisif, impeccablement fleuri ; des personnages royalement campés (des premiers rôles aux plus secondaires) ; des trouvailles jubilatoires à la pelle (on vous laissera faire connaissance avec ce bon Jean-Childéric…) ; des clins d’œil percutant à l’adresse des excès de notre société (auriez-vous un problème avec votre boulangère, Monsieur Lupano ?) et de la tendresse habilement perfusée, histoire de bien comprendre que c’est d’abord leur humanité qui anime ces trois là. On imagine très bien, d’ailleurs, que l’ensemble pourrait donner envie à des producteurs au flair acéré de porter ce petit condensé d’humour et ses personnages attachants sur grand écran… En attendant, ce sera cette fois une mauvaise idée de Sophie, une grosse poignée de billets et une lettre (décidément !) au paraphe douloureux qui feront péter la ciboule à l’un de nos 3 « petits » vieux, notre fameux Pierrot. Rassurez-vous ! Tout rentrera dans l’ordre (ou le désordre d’ailleurs), à la faveur d’un récit impeccablement construit et permettant de traîner à la fois dans la jeunesse de Pierre, mais également d’en savoir plus sur son activisme au sein de son – irrésistible – mouvement « Ni Yeux, Ni Maître ». Bref, de la marrade en barre sur 53 pages, relayée par une partition graphique impeccable, qui ose les cadrages astucieux et semble s’amuser du scénario avec appétit. Vite, un tome 3 !