L'histoire :
Quittant les cols de l’Himalaya par les versants sud, He Pao fait route vers les vallées de l’Inde. En chemin, elle sauve un voyageur de brigands venus le détrousser. A bien y regarder, les brigands étaient peut-être des assassins, en fait. Ils n’ont laissé personne de la troupe du voyageur en vie. Sans doute, les richesses convoitées n’étaient-elles qu’accessoires. Une prime à leur véritable mission, en somme. L’homme secouru se nomme Jamshid. Il est à la recherche de la femme qu’il aime. Il porte à l’oreille gauche une boucle d’oreille, symbole de leur amour. La femme s’appelle Tsomo Namgiel. Il se trouve qu’elle est la petite-fille de l’ermite Suddha avec qui He Pao a passé deux années dans la montagne. Deux années où elle a tant appris d’elle-même. En la quittant, He Pao reçut elle aussi une boucle d’oreille identique à celle de Jamshid, qu’elle doit remettre à la petite-fille de l’ermite pour tout message. Voilà les deux nouveaux compagnons de route unis vers un même but. Sans doute dame Tsomo court-elle un danger. Mariée à un riche notable de la ville, celui-ci venant de décéder, elle doit être enterrée vivante avec lui. He Pao et Jamshid échafaudent un plan pour la soustraire de cette funeste issue. Mais ensuite, il faudra fuir. Jamais la famille du défunt ne laissera vivre la veuve, au mépris des traditions…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce 5e Voyage de He Pao se termine les aventures de notre héroïne en Asie. Dernier voyage très abouti graphiquement, par moments – car toutes les cases ne sont pas également réussies – mais plus réservé quant à son intensité scénaristique. Sans doute Vink quitte-t-il à regrets ces paysages et ambiances qui furent (ou du moins rappellent) ceux de son enfance. La couverture donne le ton : difficile de faire plus juste en terme de composition et de nuance, avec un grain de peau à la limite du rendu photographique (!). Si toutes les vignettes n’offrent pas un rendu égal, beaucoup fascinent par leur aisance à marier une palette de couleurs étonnante, jusque sur le moindre détail, la plus indicible expression d’un visage, d’un regard. Sur cet album, Vink opère par tableaux successifs qu’entrecoupent des doubles planches confondantes de beauté (à l’instar de celle intitulée « bons comptes et vils marchands » p. 26/27). Il individualise ainsi des parties de récit à la thématique et aux ambiances différentes. Quittant les hauts sommets de l’Himalaya pour les vallées indiennes, He Pao rentre chez elle, plus à l’Ouest. Elle en profite pour contempler et rencontrer une dernière fois ces gens et horizons qu’elle aime tant. L’intrigue ne brille pas par son efficacité. Toutefois, chez Vink, il faut toujours apprécier la musicalité des mots, la poésie des symboles et regarder par-delà les apparences. Ce ne sont pas les aquarelles de l’ultime planche qui laisseront au lecteur le plus probant souvenir, en comparaison de la planche d’entrée (par exemple). L’occasion de replonger puis s’attarder plus en amont d’un périple graphique magnifique…