parution 09 novembre 2012  éditeur Dargaud  Public adulte  Mots clés Chronique sociale / Sentimental

Marivaudevilles de nuit

La nuit, c'est le jour à l'envers, mais les couples restent les mêmes : adultères, petits mensonges, blagues grivoises et arrangements avec la réalité. Il n'y a pas de mal à se faire plaisir. Coquine et hilarante, une ronde à danser sans tarder.


Marivaudevilles de nuit, bd chez Dargaud de Veyron, Cresson-futrelle
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Yellow Star Yellow Star Yellow Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • dessin Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

©Dargaud édition 2012

L'histoire :

La nuit tombe à Paris. Une femme propose à un inconnu dans la rue de consommer un adultère. Un peu flippé et surpris, le quadra hésite avant d'accepter, finalement. La femme, elle, est sûre d'elle et plutôt détendue, car l'avantage avec les inconnus qu'on ne va jamais revoir, « c'est qu'on se fout de ce qu'ils pensent ». Ni une, ni deux, ils se rendent au domicile de la dame. Or les enfants sont là et la baby-sitter doit partir... La baby-sitter, justement, part à la rencontre de son Dom Juan, qui lui-même trompe sa copine. Il a d'ailleurs la réputation d'être trop rapide... Plus loin, un mari encourage sa femme à aller dans une boîte échangiste. Ils y vont ; elle ressort ravie de l'expérience, lui un peu moins... Une femme ne veut surtout pas tomber amoureuse car elle devient idiote aussitôt. Or elle préfère passer pour « une fille facile que pour une conne ». Ça tombe bien, l'homme en face a juste envie d'elle. Et c'est déjà pas mal... Au commissariat ou dans une voiture, dans une boîte échangiste ou dans la rue, pas mal de malentendus, de quiproquos, de réparties cinglantes et de faux-semblants, joués par des individus tour à tour mesquins, pimpants, susceptibles et plus ou moins sincères... sans oublier beaucoup de tendresse. C'est peut-être ça, l'amour ?

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Suite de Marivaudevilles de jour, le présent album prend le contrepied pour mettre à l'envers les couples et leur confort bourgeois. Martin Veyron, depuis son retour à la BD en 2009, n'a peut-être jamais été aussi en forme. A l'image de l'hilarante prière du cocu introductive, ce Marivaudevilles de nuit se glisse dans les interstices de la nuit pour en révéler la précarité des couples, leurs petites lâchetés ou hypocrisies, à coups de plaisanteries coquines, de situations foireuses, de réparties cinglantes et de malentendus... L'histoire se finissant rarement autre part que dans un lit. Mais Veyron, avec beaucoup de malice, préfère s'intéresser à la manière civilisée d'avancer ses désirs, en disséquant les jeux de séduction par des dialogues souvent hilarants, d'une justesse crue et diabolique, avec ce don de tourner en ridicule tous les comportements et stéréotypes du badinage amoureux. L'adultère, Veyron préfère en rire, l'humeur toujours légère et grivoise. Avec son long plan-séquence à la Sokourov, il parvient à insuffler un rythme dansant à son histoire qui, il est vrai, a aussi tendance à s’essouffler arrivé à la moitié. Mais qu'importe, on est prêt à pardonner, tant Veyron maîtrise l'art de la digression cocasse et intelligente. Peut-être de l'auto-dérision dans ce récit, mais toujours une belle distance ironique, source d'un tendre et clairvoyant détachement. Les mots du début seront à l'image du clap final. La boucle est bouclée, tout le monde peut rentrer se coucher. Un art sans pareil du dialogue réaliste, une langue libre et un graphisme un peu daté mais très adapté ici : iI n'en faut pas plus à Veyron pour se faire le chroniqueur lucide de son époque. Encore une fois, des marivaudages formidables de justesse, de légèreté et d'élégance : on rit, on sourit, on se délecte de cette comédie humaine bercée d'une douce mélancolie, aussi exquise que féroce... Merci Monsieur Veyron !

voir la fiche officielle ISBN 9782205069921